Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Passengers


USA / 2015

28.12.2016
 



ADAMN ET EVE 2.0






«Tu meurs, je meurs!»


Placer les deux acteurs les plus en vogue du moment dans un huis-clos interstellaire pouvait être rapidement un navet de SF, surtout après l'excellent Premier contact et avant la suite de Blade Runner. Commençons par le commencement, c'est à dire le bonus qui peut amener la spectatrice ou le spectateur dans les salles: Chris Pratt est nu! Et telle la pomme proposée à Eve dans la Bible, son fessier est à croquer avec fougue *se mord les lèvres jusqu'au sang*. Nous envions la belle Jennifer Lawrence qui a pu y goûter dans plusieurs scènes d'amour douces, tendres mais où on y voit pas grand-chose (dommage). Le passage fanatique et assoiffé de fesses étant terminé, venant en aux faits.

Les fesses sont donc à croquer comme une pomme: Passengers est une allégorie de l'histoire d'Adam et Eve. Jim Paterson, mécanicien sur Terre (il en fallait un pour le film), est comme 5000 autres passagers, endormi dans l'Avalon, un vaisseau en route pour une autre planète. Plutôt pas mal les vacances mais Jim (chat noir en puissance) se réveille 90 ans plus tôt. Seul sur le vaisseau, il aire telle une âme en peine, se lie d'amitié avec un androïde barmaid (Michael Sheen, excellent), fait toutes les activités du vaisseau et tombe sous le charme d'Aurora (Jennifer Lawrence, fidèle à son talent) à travers sa capsule bien fermée. Ne pouvant plus attendre que Dieu lui fasse une femme à partir de sa plus belle côte, Jim réveille Aurora... la suite est évidente: ils tombent amoureux, font l'amour couvert de sueur partout même sur la table du vide réfectoire, vivent comme tous les couples avant de connaître la déchéance.

Après la Génèse, nous nageons en plein James Cameron et comme le Titanic, le vaisseau semble sombrer sans que nos héros ne s'en rendent compte. Vivant leur amour tout en s'inquiétant pour l'avenir (ils sont tout de même coincés à bord d'un vaisseau pour les 90 prochaines années et ce n'était pas le but du voyage), ils vont devoir survivre face à cette épave de l'espace et face à la vérité difficile à entendre (Aurora ne sait toujours pas que son réveil n'est pas un accident). >Maintenu de bout en bout par un duo glamour et coup de poing, Passengers est un voyage qui enivre et qui touche en plein cœur. Une romance dans l'espace. Pas forcément le thriller qu'on attendait.

Bourré de références, le film de Morten Tyldum (Imitation Game) mêle avec malice l'histoire d'amour et la science-fiction. Un Roméo et Juliette galactique qui divertit à la perfection malgré ses bémols de blockbuster: Jennifer Lawrence qui vacille entre femme courage et femme bébête à la Rose dans Titanic («tu meurs, je meurs!») en incarnant une journaliste/écrivaine qui s’ennuie de ses amis de New York (Carrie Bradshaw sort de ce corps) ; Chris Pratt qui incarne un mécanicien sur un vaisseau en panne ou encore les répliques expliquant ce que l'on comprend déjà («il y a eu un problème de gravité!» dit Aurora après avoir défié la loi de Newton durant une scène fantasque dans une piscine).

Mais contrairement aux films du genre, Passengers peut compter sur la compétence de ses acteurs (en particulier Chris Pratt qui passe de Judas à super héros) mais aussi sur la qualité d'une histoire plutôt bien ficelée et captivante. Bref c'est efficace, les effets spéciaux sont à la hauteur. Le film est plus distrayant que profond, plus glam que réaliste. Le script est du pur produit hollywoodien, que seuls deux bons acteurs peuvent empêcher de sombrer dans le ridicule parfois, et la passion y est. La fascination est finalement ailleurs: dans la vie et la survie d'un couple isolé de tout contact humain, de tout lien avec la Terre. Dans l'espace, c'est connu, personne ne vous entend gueuler ou jouir.
 
Cynthia

 
 
 
 

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