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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Birth of a Nation
USA / 2015
11.01.2017
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HÉRITAGE QUAND TU NOUS TIENS
"Tu es un enfant de Dieu, tu as un but."
Visiblement très inspiré, Nate Parker endosse avec The Birth of a Nation les casquettes de scénariste, réalisateur et acteur principal. Grand prix du jury au dernier Festival du film de Sundance, le premier long métrage de ce même Nate Parker ne devrait pas manquer de diviser.
Un véritable pied de nez ?
Virginie, 1831. Trente ans avant la guerre de Sécession, l'Afro-américain Nat Turner profite de son statut de prédicateur très écouté pour mener une révolte d'esclaves noirs. Soixante Blancs et davantage de Noirs meurent lors de cet affrontement qui dure moins de 48 heures.
Inscrit dans une période de l'histoire américaine qui a tendance à déranger, The Birth of a Nation est un film moralement et spirituellement intriguant. Encouragé très tôt par la mère de son propriétaire, Samuel Turner, à lire et répandre la parole divine, Nat Turner prend dès le début du film des airs de martyr. Son père manque d'être exécuté sous ses yeux et il fait régulièrement des cauchemars qui lui apparaissent très vite comme des visions de Dieu. Dès lors, il ne fait aucun doute pour le spectateur que ce personnage historique aura une importance considérable quant au sort de millions d'esclaves.
En reprenant le titre de ce que l'on considère aujourd'hui encore comme le film le plus raciste jamais réalisé en raison de son discours faisant l'apologie du Ku Klux Klan, The Birth of a Nation version 2016 intrigue par la manière dont son réalisateur parvient à mettre en scène et en image la religiosité et la foi du personnage principal. Croyant certes, Nat Turner semble ici être un homme qui s'est senti pousser des ailes en raison de sa connexion particulière avec Dieu.
Mais de manière plus pragmatique, il va sans dire que c'est le meurtre de son père, l'agression subie par sa femme et les horreurs auxquelles il est confronté lorsqu'il prêche qui le mènent à vouloir se rebeller. Le scénario de Nate Parker et Jean McGianni Celestin est peut-être solide et émouvant mais The Birth of a Nation ne parvient qu'à faire émerger un cinéaste talentueux, Nate Parker.
Démagogique et prétentieux
Comme habité par la fougue de Nat Turner, Nate Parker est de presque tous les plans, des plus belles scènes et s'offre la plupart des répliques intéressantes. Personnage principal certes, Nat Turner ne crève pas l'écran mais l'obstrue. Profond, Nate Parker incarne tout de même un Nat Turner impressionnant - mais loin d'égaler le jeu tout en retenu d'Aja Naomi King qui interprète sa femme Cherry. Les actrices Aunjanue Ellis, Esther Scott et Gabrielle Union brillent et cela en apparaissant uniquement dans quelques scènes. Un exploit qui mérite d'être signalé.
Concentré sur son personnage, Nate Parker ne parvient malheureusement pas à donner de la profondeur aux autres personnages et met de côté les répercussions évidentes d'une rébellion à cette époque. Pire encore, le réalisateur balance à la fin du film, sur un carton, une information capitale : la révolté menée par Nat Turner entraînera dans les années qui suivent un nombre incalculable de crimes gratuits contre des Noirs.
Bien évidemment, les parallèles avec Django Unchained et 12 Years a Slave sont nombreux - et compréhensibles. Torture, viol, pédophilie, de sublimes plans sur d'immenses champs de coton, tout y est. Et on ne peut s'empêcher de reprocher à celui que l'on voyait déjà dans la course à l'Oscar du meilleur réalisateur de ne pas avoir su apporter quelque chose de neuf. Car incontestablement, le film de Steve McQueen est mieux cadré, plus dérangeant, plus prenant, plus réfléchi. Plus utile, donc.
Persuadé que c'était son devoir de mettre en scène l'histoire de Nat Turner, Nate Parker fonce tête baissée et livre un film de facture très classique mais à l'indéniable intensité. C'est loin d'être la pépite que l'on attendait mais cela reste un bon début.
wyman
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