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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Dalida
France / 2016
11.01.2017
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ON PEUT MOURIR DEUX FOIS
"Tu peux descendre aussi vite que tu es montée!"
Ah la belle Dalida...on se demandait quand le grand écran allait en faire un long-métrage (un téléfilm signé France Télévisions étant déjà fait). Après Edith Piaf, le grand (et unique?) rôle de Marion Cotillard, Cloclo, Gainsbourg (et autres Coluche, Sagan, YSL, Coco Chanel) ou Johnny Cash, Ray Charles, Tina Turner et James Brown pour nos voisins américains, le cinéma n'attendait plus que ça... ou pas.
Le film Dalida pourrait être un clip de Mylène Farmer tant c'est formaté et attendu. La légende est décrite en surface et se complait dans le pathos de ses diverses tragédies, au point de finir par faire rire le spectateur qui finalement n'envie pas ces stars du show biz. Sa vie n'a pas été facile, au point de vouloir y mettre un terme régulièrement (jusqu'à la bonne) et cernée par des suicides (c'est simple son entourage se tuait comme on passe d'une chanson - oh la la trop de chansons! - à l'autre).
Laissez-moi me tuerrrrrrrrr
Le film se compose ainsi: un suicide, une chanson, un suicide, une chanson, quelques câlins sous la couette, un suicide, une chanson, des crises de larmes, un suicide, une chanson, etc. Nous finissons par en rire au lieu d'en pleurer. L'actrice (superbe) et la chanteuse (unique) méritait autre chose qu'un grand huit aussi systémique qui fait de ce biopic une des œuvres les plus morbides du cinéma, sans forcément apporter la moindre émotion.
Lisa Azuelos (LOL, Comme t'y es belle!) s'est allié au frère et ancien producteur de la défunte afin de mettre sur pied ce projet qui a mis du temps à arriver sur les écrans. Trop académique et mettant en avant des styles vestimentaires à donner un AVC à Christina Cordula (il n'est pas étonnant donc, que le générique de fin soit constitué de photos des vrais protagonistes, histoire de prouver aux spectateurs qu'ils avaient vraiment ce look, bientôt exposé au Musée Galliera à Paris), Dalida ne parvient pas à dépasser la petite histoire de potins lus dans un magazine à scandale malgré ses airs de film hagiographique voulant sanctifier la damnée (le suicide est prohibé par l'Eglise).
Loin davoir l'étoffe d'un long-métrage, Dalida reste une excellente compile puisqu'on y chante constamment (si vous n'êtes pas un fan de ses chansons autant passer votre chemin) où l'héroïne n'est qu'une icône parmi ses hommes, son public et son entourage (tout aussi dépressif et déprimant qu'elle). Une icône qui ne fait guère pleurer tant cela semble calculer (trop d'empathie tue l'empathie). A quand un film biographique qui s'affranchit des codes du genre (hormis Gainsbourg on voit pas)?
Saluons, tout de même la subtilité d'Azuelos qui montre la méchanceté (la jalousie?) des hommes envers les femmes puissantes dans une époque où une femme sans mari, sans enfant et riche pourrait être comparé à une catin. C'est cela qu'on aimerait voir: ce que traduisait si bien ses chansons, son désespoir, son insolence, son magnétisme, et même son sens de la provocation, elle qui chanta l'hymne des cougars avant même que le terme n'existe. Elle était la lumière, elle leur faisait de l'ombre. Las, le film croit s'acheter une honnêteté en la plaçant à contre-jour, un comble pour la Reine de la nuit. Car avec Dalida, les soirées télévisées étaient plus belles que nos jours. Elle demeurera dans nos cœurs, mais le film ne restera pas dans nos mémoires de cinéphiles
Cynthia
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