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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Un sac de billes
France / 2016
18.01.2017
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BILLE EN TÊTE
"Mieux vaut prendre une claque qui fait mal, que de perdre la vie parce qu'on a peur d'en prendre une!"
Des enfants se livrent une bataille acharnée aux billes. Joseph et ses copains jouent, rient sans imaginer les méandres dont ils vont en être les principaux protagonistes. Depuis que l’ennemi nazi a décidé du port obligatoire de l’étoile jaune pour tous les Juifs, Roman, son père, sent que le danger se fait plus lourd. Et il n'a pas tort. Du coup terminé les billes et l’insouciance. Le cœur déchiré, il décide d'envoyer ses deux fils seuls se réfugier dans le Sud du pays, la France libre. Joseph garde au creux de la main une petite bille bleue, porte-bonheur et symbole d'un espoir, celui de revoir sa famille, de recréer ce doux foyer qu'il a connu.
La vie est belle
C'est donc le énième film sur la France occupée, avec ses exploits, ses bons sentiments et des enfants (Monsieur Batignole). C'est aussi la nouvelle production Gaumont ciblant le public familial et scolaire, après Belle et Sébastien et Les Malheurs de Sophie. C'est enfin, la deuxième adaptation du roman, inspiré de sa propre histoire, de Joseph Joffo, 40 ans après la version de Jacques Doillon. Autant dire qu'il n'y a rien d'original sur le papier.
Si nos yeux sont quelques fois humides, Un sac de billes ne surenchère jamais l'aspect dramatique puisque le film se déroule à travers le regard naïf d’un enfant qui découvre le monde. Cela donne lieu à des personnages secondaires (rois du cinéma ou de la TV française) bourrés d'humour tel que Christian Clavier (attachant), Bernard Campan (méchant péjoratif) ou encore Kev Adams (juste dans le rôle d'un résistant plein de courage. Il y a toujours plus de résistants que de collabos dans le cinéma français...
Les nombreuses péripéties de ces deux survivants baignent dans une atmosphère pleine d’énergie, calquée sur l’enthousiasme communicatif des enfants. Avec un vocabulaire simpliste et un ton savoureux Un sac de billes, qui aurait pu être un road movie noyé dans le pathos, est une introduction à la lumière et la vie, accentué par la luminosité des scènes. La grisaille de Paris se fait balayer par les chaudes couleurs du sud où les enfants trouvent refuge. Cette virée champêtre et périlleuse fait l'affaire: le québécois Christian Duguay (Jappeloup, Belle et Sébastien) maîtrise son récit et remplit le contrat.
Autre point fort du film: l'humanité présente dans ce film qui pourtant traite de la cruauté humaine. Le duo de Patrick Bruel et Elsa Zylberstein fonctionne à merveille en alliant la fermeté du père et la douceur de la mère (un mélange doux et amer de l'image parentale). Ces deux parents, à la Proust, sont en osmose avec leurs enfants, deux jeunes comédiens merveilleux. C'est eux qui incarne le mieux le sujet central du film: l'amour fraternel, à la vie à la mort.
Un sac de billes réussit le pari d'être une adaptation optimiste et divertissante qui capte l'âme sans l'ébranler.
Cynthia
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