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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Mr. Ove (En man som heter Ove - A Man Called Ove)
Suède / 2015
14.09.2016
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LE VIEIL HOMME QUI NE POUVAIT PAS REJOINDRE LE CIMETIÈRE
Les Nordiques n’ont pas leur pareil pour inventer des personnages décalés et attachants, malgré leurs défauts exacerbés. Encore une fois c’est un Senior qui a le mauvais rôle du vieux râleur, pointilleux, aigri, pas sympathique aux premiers abords, et franchement asocial. Il n’est pas centenaire mais il n’a plus le goût de vivre. Ça pourrait être déprimant, surtout dans ce lotissement cloisonné et uniforme, et pourtant Mr. Ove est un film touchant, émouvant même à certains moments, caustique et profondément humain.
Il faut toujours comprendre l’autre, en tout cas ne pas le juger. Tel pour être le message de ce film qui, d’apparence classique, se veut un peu subversif. Une immigrée iranienne et un vieux con suédois, cela créé un sacré duo de cinéma. Tout y passe : le racisme ordinaire, l’homosexualité, le vivre ensemble, le handicap, la solidarité, les « cravateux » (terme délicieux pour évoquer bureaucrates et autres vautours du business).
Mais Mr. Ove n’est pas qu’une chronique « villageoise » où un pilier de la communauté, plus craint et détesté qu’apprécié, las de vouloir faire respecter les règles qu’il a édicté par le passé, veut mettre fin à ses jours. Pas doué pour mourir (les tentatives de suicide se suivent, ne se ressemblent pas et échouent à chaque fois avec une drôlerie noire), ce monsieur Ove est un homme empêché jusqu’au bout : il ne peut pas rejoindre sa femme au paradis, il ne peut pas vivre tranquillement comme ile le souhaite, il n’a même pas forcément choisi sa vie depuis le décès brutal de son père. Pourtant, il est ouvert. Un homme en colère qui s’avère généreux. Qui ne peut pas s’empêcher, justement, de vouloir être juste, droit, moral.
Ses contradictions font toute la richesse de son personnage. Tout en nuance, l’acteur Rolf Lassgard, éternel commissaire Kurt Wallander sur le petit écran, apporte une justesse et une finesse à son jeu qui rend ce personnage a priori antipathique éminemment sympathique. Sa vie, loin d’être un long fleuve tranquille avec sa série d’injustices et de drames, révélée par quelques flash backs qui montrent la construction de sa personnalité si particulière, n’est pas enviable. Mais il n’est jamais méprisable.
Du repli à l'ouverture
C’est ce qui rend le film si plaisant. Malgré le sujet, malgré cette trajectoire aux frontières de la mort, il y a bien tous les ingrédients d’un « feel good movie », doublé d’un portrait de contemporains, entre ceux qui se replient sur eux-mêmes et ceux qui croient encore à l’ouverture sur les autres.
Le réalisateur Hannes Holm filme avec grand soin cette tragédie presque joyeuse. Porté par des acteurs lumineux, Mr. Ove n’a pas besoin d’épater avec de multiples effets. La narration est sobre, le découpage classique, les décors épurés. Il y a bien quelques astuces d’écriture (le running gag sur le match Saab-Volvo), des séquences un peu attendues. Mais le résultat final réchauffe les âmes tant il redonne confiance en l’humain. Explorer les origines de la douleur permet parfois de trouver la clef vers le bonheur. Sous la carapace protectrice, dans les entrailles des failles, il y a un cœur qui bat. Et le bonheur suédois est simple, sans ambition. Ce n’est qu’affaire de sentiments. Ove est désespérément malheureux et suicidaire. Mais le film, paradoxalement, a trouvé la bonne tonalité pour nous faire aimer la vie.
vincy
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