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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Sahara
France / 2016
01.02.2017
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LE RÉVEIL DU COBRA
«- Attends moi ! Qu’on crève ensemble...»
Pas facile de vouloir se hisser au niveau des productions américaines. Sahara, plutôt que de choisir une voie singulière, qui a souvent réussi à l’animation française, y compris à l’export, a opté pour un récit et une direction artistique très hollywoodienne.
Techniquement, c’est de bonne facture. Artistiquement, avec son dessin un peu naïf et son anthropomorphisme, on est en terrain balisé. Scénaristiquement, c’est une autre histoire. Le film est relativement convenu et prévisible, avec son histoire à la Roméo et Juliette (deux espèces de serpents qui ne doivent pas fricoter ensemble car ils ne sont pas du même monde).
La deuxième lecture du script n’est pas assez subversive pour faire décoller la narration vers une complexité plus jubilatoire. D’un côté, il y a le serpent du ghetto, des cités, des no-go-zones (le désert et son manque d’eau et de nourriture, ses petits larcins etc.), un peu naïf, un peu tendre, aussi bleu que sa peau. De l’autre, il y a la serpente des beaux quartiers ultra-protégés (l’oasis où eau et nourriture et loisirs foisonnent), un peu farouche et clairement déterminée, aussi verte que sa rage de vivre hors de son cocon. Parce que l’un est tenté par l’Oasis et l’autre a soif de frissons hors de sa bulle verdoyante, les deux seront amenés à vivre une folle épopée qui les mènera jusqu’à la ville la plus proche.
Il y a d’ailleurs de bonnes trouvailles pour nous rappeler le monde réel, le nôtre, à travers ce bestiaire saharien. Quelques séquences (les limaces lucioles, la tempête de sable finale, la première danse/transe des serpents sur un ton hallucinogène et allégorique) offrent de bons moments dans une histoire un peu trop relâchée parfois. Heureusement, les clins d’œil (La Planète des singes est de loin le plus amusant), les « seconds rôles » (le frère défoncé, l’ami scorpion burlesque, la géniale bestiole ensablée loufoque), et quelques vannes fournissent le divertissement nécessaire pour qu’on ne s’ennuie pas.
Parfois, c’est un peu facile (comme cette « battle » entre deux rivales, cette référence à Adam et Eve), un peu linéaire, pas assez approfondit. Il faut que les personnages se séparent, et démultiplient ainsi le point de vue en créant trois enjeux simultanés, pour que le script à l’américaine fonctionne pleinement.
C’est d’ailleurs tout le paradoxe de Sahara : son dernier tiers est largement supérieur au reste. La romance et l’amitié ne sont pas assez solidement écrits pour nous embarquer immédiatement. Cette « platitude » est heureusement effacée dès que le délire et l’action prennent le dessus. A l’instar d’Ajar qui va enfin muer, Sahara se transforme en vrai film hollywoodien sur le tard.
vincy
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