Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Lego Batman, le film (The LEGO Batman Movie)


USA / 2017

08.02.2017
 



L’EGO TRIP

Le livre Bye Bye Bahia



«- Je kiffe ma life !»

Difficile de passer après le premier film d’animation Lego, auquel on croyait peu d’un point de vue technique avant de le voir. Désormais rassurés sur le fait que des briques et des personnages à gueule d’émojis pouvaient être les héros d’un long métrage, on se demandait si l’univers mixé Lego/DC Comics allait fonctionner.

« Tous les films commencent avec un écran noir… » Il va nous en falloir un peu plus pour nous corrompre, la grosse voix qui s’amusent à faire de l’humour « Nuls » au moment où les logos de Warner Bros, DC Comics, Vertigo et Rat Pack s’affichent. Car, oui, d’emblée, le ton est moqueur, s’amusant des génériques inutilement dramatisant des productions hollywoodiennes.

La Brique, c'est chic

Cette dérision très second degré est très efficace, offrant un heureux décalage dans ce monde sous LSD. Comme les enfants, le réalisateur Chris McKay construit sa ville, ses délires, et les détruit avec une jubilation non feinte. Tout est possible : travestir un personnage masculin, changer de costume en un quart de seconde, fabriquer un robot géant aux airs de gentil toutou.
Mais à ce a s’ajoutent les clins d’œil cinématographiques. Tous les Batman du 7e art y passent soit en étant référencé directement en images insérées soit à travers des scènes qui plagient/parodient les précédentes aventures du Chevalier noir. Outre cette gourmandise pour les fans, Warner Bros et Lego ont sorti l’artillerie lourde : tous les personnages de l’univers DC Comics, de Superman à la Justice League, du Joker à Double-face, sont présents. Le cumul de criminels ne s’arrête pas là avec en guest Voldemort, l’œil de Sauron, les sorcières de Wicked, Godzilla, King Kong, les Gremlins… Un peu comme un gosse qui mélange ses figurines et ses légo en jouant dans sa chambre un remake apocalyptique d’une guerre des mondes.

Batman, cousin de Deadpool et de Woody Allen?

Pour le reste, le scénario ne pouvait hélas pas seulement être une sorte de Deadpool dans l’animation. Même si on n’en est pas si loin. Le scénario reste « hollywoodien » avec ses alternances entre action, mésaventures, passages cocasses et séquences émotion. Cependant, Batman oblige, il faut bien un peu de fond psychologique. Avouons que le super-héros n’est pas vraiment le « nice guy » idéal. Son égoïsme, son narcissisme et sa solitude le rendent presque pathétique (d’où découlera le message de l’union fait la force et le bonheur). Certes, il a un fils adoptif, un père de substitution et une meilleure amie qu’il aurait bien voulu se… mais tout reste très platonique dans cette « nouvelle famille » qui combat les méchants et se marre devant Jerry Maguire.

L’histoire d’amour est ailleurs que dans la romance avec la nouvelle commissaire ou dans la tendresse pour Dick l’orphelin. C’est la liaison cryptogay (parfois un peu lourde certes) entre Batman et le Joker qui retient l’attention. L’amour et la haine, le Je te hais moi non plus, forment le ciment du scénario. Comme une synthèse psychanalytique de tous les blockbusters, Lego Batman révèle avec ludisme qu’un super-héros ne peut pas vivre sans un super-méchant. Sans Joker, Batman n’a plus de raison d’exister. C’est sans aucun doute pour ça que les vilains font de grands rôles : ils mettent en lumière la part obscure du sauveur : le besoin de reconnaissance, ici poussé à son paroxysme avec un Bruce Wayne qui ne bande qu’en cosplay de chauve-souris et un Joker en quête d’un amour passionnel, fidèle et absolu.

Cet examen de conscience, qui passe de Prince à Wham ! en guise d’hommages aux récents disparus de la pop culture, s’achève sur un acte de contrition et un geste de bienveillance. La lumière est au bous du chaos. Car « tous les films importants finissent par un écran blanc. »
 
vincy

 
 
 
 

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