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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Lion
USA / 2016
22.02.2017
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PETIT FAUVE
«- Vous avez vraiment cherché ma maman ? »
Il faut reconnaître que cette histoire vraie est incroyable. Un destin « bigger than life » qui ne pouvait que séduire la machine à rêves à Hollywood. Lion est ainsi une belle mécanique sentimentale qui fait tout pour arriver à destination, soit un final tout en émotions.
Cette épopée d’un gamin indien, Saroo, coincé dans un train commence en 1986 au centre de l’Inde. Il est pauvre, illettré, craquant, débrouillard. La misère totale telle qu’on peut se la représenter dans notre imaginaire occidental. C’est d’ailleurs le seul point commun avec Slumdog Millionaire. Pour le reste, on est plus proche d’un mélo classique, avec sa jolie musique mélodieuse, de sublimes paysages et un groupe de comédiens impeccables. En résumé, on va suivre ce petit garçon délocalisé malgré lui à 2000 kilomètres de chez lui dans la périlleuse Calcutta avant de se faire adopter par un couple australien d’un certain âge. Il oublie sa langue, il ne lui reste que quelques fugaces images de son enfance. Il grandit loin de ses racines, dans la prospère et paisible île de Tasmanie.
Tout au long du film, il est à la fois livré à lui-même (sa survie à Calcutta, son passé qui va l’obséder une fois adulte), assez solitaire finalement, et protégé par ses femmes (ses deux mères et sa copine). Le réalisateur Garth Davis en fait surtout un garçon en perpétuel mouvement, courant dans les campagnes indiennes, s’échappant dans les rues de Calcutta, s’évadant sur Google Earth pour retrouver son bled. Seul et isolé, il garde en lui tout au long de sa vie cet instinct de survie qui le mène à son objectif : réparer son erreur originelle qui l’a séparé des siens.
Tire-larmes par contrat
Mais cette fugue mineure, dont la mise en scène est plus inspirée en Inde qu’en Australie, plus impressionniste et sensorielle quand il est enfant et parfois trop appuyée et didactique quand il est jeune adulte, est surtout un plaidoyer pour l’adoption. Certes, on ne quitte jamais le point de vue de l’orphelin, la caméra est même à sa hauteur. Mais le film se veut prosélyte et lucide sur les bienfaits et les difficultés rencontrés par les adoptants et les adoptés. D’autant que le couple qui va choisir Saroo, est singulier : ils auraient pu avoir des enfants, l’adoption est un véritable choix issu d’une philosophie de vie. Nicole Kidman retrouve ici un personnage au bord de la crise de nerfs à la hauteur de son talent. Et Dev Patel brille une fois de plus en jeune homme à la fois sage et indomptable.
Tire-larmes par contrat, Lion, qui veut absolument nous bouleverser (l’histoire suffit à elle-même, pas besoin d’en rajouter) s’offre ainsi quelques belles séquences intenses, entre deux recherches sur Google Earth et quelques coups de mou dans le scénario dans sa seconde moitié. Toute l’histoire repose sur un objectif : va-t-il retrouver sa mère d’origine, son grand frère et sa petite sœur ? Or, ce « suspens », qui tient jusqu’aux dernières minutes, manque parfois de tension, parce que le scénario se perd dans des explications psychologiques ou des petits drames sans intérêts. Ce flottement, après un début très vif et percutant, et avant un épilogue accrocheur, empêche le film d’être équilibré. Le spectateur est bien entraîné dans la tornade où le petit Saroo se perd en Inde mais il est beaucoup plus à distance de ce tourbillon où le grand Saroo perd pied quand il s’obstine à chercher la gare indienne où sa vie a déraillé.
Cela n’empêche pas Lion d’être un très joli conte, généreux et efficace. Et de se dire que la vie est décidément belle, et assez douée pour inventer des scénarios romanesques.
vincy
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