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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Certaines femmes (Certain Women)
USA / 2016
22.02.2017
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THE SMALL EXPECTATIONS
« - C’est une avocate. J’ai des raisons de la tuer ! »
A travers trois histoires distinctes, reliées par un fil conducteur très fin, autour de quatre femmes, Kelly Reichardt essaie de composer un tableau pointilliste sur une Amérique à l’écart de la mondialisation. Nous voici à Livingston, dans le Montana, bled de 7000 habitants. Les paysages ont magnifiques, les villes terriblement moches. Le territoire, en plein hiver, semble presque hostile. La réalisatrice n’a jamais aimé les environnements glamour. C’est une Amérique moyenne, paumée, avec ses petits tracas. Ici la séquestration d’un gardien de nuit ne panique pas plus que ça la police. La vie paraît être un long fleuve tranquille, avec ses incidents mineurs, que seuls les tourments humains troublent.
Il ne faut s’attendre à aucun humour, aucune accélération du tempo, aucune joie réelle.
La femme contemporaine qui est dépeinte n’est pas franchement heureuse. Elle s’ennuie franchement. Elle espère, elle attend quelque chose qui pourrait la satisfaire. Mais de frustrations en déceptions, sa vie ressemble à un post-coïtum avec un plan d’un soir.
Le lien entre les trois histoires importe peu. Les points communs sont ailleurs : des vies apathiques, submergées par des contraintes sans intérêts réels, une solitude pesante et même oppressante, un sentiment de lassitude, et surtout, surtout, une volonté de faire le lien avec les autres (un client, un fournisseur, une professeure) qui ne se concrétise jamais, les frustrant définitivement. Il y a une tristesse, pour ne pas dire une désespérance, un peu plombante, dans ces récits.
Si la cinéaste adopte un rythme lent, soigne ses cadrages et aime ses personnages un peu taiseux, farouchement indépendants, fatigués d’être autonomes, le spectateur n’a d’autres choix que d’accepter cette vision un peu déprimante de l’existence. Le scénario croque ainsi trois tranches de vie (un conflit professionnel, un couple mal en point, un amour unilatéral) sans vouloir créer une réelle dramaturgie. Le film est sec, revêche même. Il y a bien cette scène presque onirique de deux jeunes femmes traversant la ville la nuit sur un cheval. Ou ce beau plan séquence, bouleversant, qui ne lâche rien de l’effondrement sentimental de la jeune indienne. Mais pour le reste, les envies de ces femmes ne révèlent finalement que leurs souffrances étouffées.
Le point de vue de Kelly Reichardt, aussi bien réalisé soit-il, ne suscite aucune empathie, tant ses nuances de gris pourraient rendre mélancolique le plus optimiste. Certaines femmes apparaît trop dur pour être aimable, trop caricatural d’un certain cinéma pour être franchement original. Il faut bien avouer que c’est le plaisir de voir les quatre comédiennes – Laura Dern, Michelle Williams, Lily Gladstone et Kristen Stewart – qui nos évite la sortie de route et nous maintient un peu éveillé face à ce composite brut sans concessions pour le spectateur.
vincy
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