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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Patients
France / 2016
01.03.2017
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EN MARCHE !
«- Ça veut dire quoi pécho quand t’es en fauteuil roulant ? »
Premier long métrage de Grand Corps Malade et Mehdi Idir, Patients, condensé de l’autobiographie du slameur, s’avère un feel-good movie efficace malgré son sujet : une année dans un centre de rééducation pour tétraplégiques, paraplégiques ou grands traumatisés. Sans aucun pathos ou même apitoiement, le film est avant tout une comédie humaine qui prend racine dans des drames individuels pour devenir une tranche de vie touchante et drôle. Très drôle parfois si on apprécie l’humour noir. Car si le rire est le propre de l’homme, c’est aussi son meilleur allié pour résister à la tragédie.
Avec un scénario bien ficelé, des personnages à forts caractères, tous très bien interprétés, tous beaux à leur manière, le duo s’attache à nous faire vivre les hauts et les bas de ces jeunes gens qui souffrent d’avoir perdu leur autonomie. A défaut de jambes, il leur reste leur tête.
Funambules
Dès le début, nous sommes scotchés avec Ben (Pablo Pauly, une belle découverte). La caméra épouse son point de vue : celui d’un mec qui ne peut plus bouger. On palpe le handicap, comme on ressent l’impossibilité de bouger. Ce sentiment d’immobilité va déterminer le rythme du film. Si au début chaque mouvement, chaque geste semblent être lents, rapidement, dès que quelques fonctions motrices, puis le fauteuil roulant, vont émerger, le tempo va s’accélérer. Car ces survivants sont bien vivaces. Et le personnel médical qui les entoure paraissent sortis d’une farce burlesque tant ils sont pittoresques et colorés.
Ce n’est pas rien de faire fuser des sourires dans ce registre. Car le patient réside quand même dans un enfer, dépendant des autres pour ce qui nous est si naturel, avec en fond sonore une émission de téléshopping ou un épisode de feuilleton policier allemand. Les réveils peuvent être brutaux.
A l'école de la vie
Mais la force de Patients est de nous montrer l’évolution « darwinienne » de la renaissance de Ben. On partage intimement ses sensations, ses paniques, ses petites joies. Pas à pas. Entre deux vannes et quelques bonnes répliques. Il y a une volonté (un instinct ?) très humaine de vouloir dédramatiser et revenir à la vie, même si ces vies sont transformées. Certains sont des battants, d’autres des résignés. Mais tous sont des gens ordinaires. Le film banalise le handicap de manière admirable.
Sans oublier le rap (forcément bien choisi) qui sert d’ellipse pour illustrer le temps qui passe. Patients n’ennuie jamais malgré ce quotidien au ralenti, ces journées répétitives, cette ambiance de mouroir. Au contraire, il est vif et plein d’espoir. A l’image de ce final, sur fond de musique classique, émouvant et simple. Un terrain de basket ça peut-être cruel pour un ancien joueur. Ici, on comprend juste que les deux cinéastes voulaient filmer le mouvement. En le manipulant (avec des ralentis) en le contemplant (avec la lenteur d’un déplacement). Handicapé oui. Mais pas mort. Impatients de montrer qu’on existe, même avec une béquille ou dans un fauteuil.
vincy
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