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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Monsieur & Madame Adelman
France / 2016
08.03.2017
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UN GARS, UNE FILLE.
"Il a perdu la mémoire après avoir arrêté de bander... Je n'ai jamais considéré cela comme une relation de cause à effet."
Concrètement qu'est-ce qu'une histoire d'amour? Une rencontre, un désir, du sexe, de l'attachement qui vire en possessivité au point qu'il est impensable de voir votre partenaire discuter avec une autre personne que vous...oh triste monde! Revisionnez N'oublie Jamais, je ne sais pas! Et arrêtez de penser que l'amour est une science qui se contrôle et qui fait souffrir.
L'amour, le vrai est loin de l'attachement mais est synonyme d'acceptation de l'autre envers et contre tout! Sarah (Doria Tillier, excellente) est exactement cette définition (un peu trop quand même). Lorsqu'elle rencontre Victor (Nicolas Bedos, un peu caricaturale mais juste), ce dernier ne veut pas d'elle car trop grande et pas assez belle selon ses désirs d'homme néandertalien (superficiel, va!): conséquence, elle se tape à peu près tout son entourage afin de rester dans sa ligne de mire. Cette idée est tellement dingue qu'elle fonctionne. Débute akirs une longue histoire d'amour entre cette étudiante en lettres et cet écrivain qui cumule les aventures, les parties de jambes en l'air et les crises de whisky. Peu importe, elle est toujours là. Même lorsqu'il se tape une fan de son bouquin dans les WC d'une clinique pendant qu'elle accouche de leur premier enfant (effrayant mais drôle). Bedos ne s'offre pas le beau rôle, c'est certain.
Acide et romanesque
Cela a bien débuté et nous nous attendions à une histoire d'amour, certes difficile, mais douce comme les couples d'artistes d'antan. Et bien non! Monsieur & Madame Adelman dégringole d'amour enfantin à une relation amoureuse pleine de souffrance et de rivalité pour s'effondrer finalement vers l'adultère maladif du monsieur qui, afin de rassurer son ego et sa virilité, se vide les ballons à tout va!
Elle ne peut pas le quitter même s'il représente tout ce que les femmes devraient éviter chez les hommes: égoïste, jaloux, imbu de lui-même, violent, parfois con. L'amour (vache de ferme) en somme... Bizarre angle d'attaque: la femme serait-elle inconsciemment soumise. Perversité narcissique masculine? heureusement, le ton ironique et irrévérencieux du duo permet un regard un peu moins binaire sur cette guerre des sexes.
En suivant le quotidien de ce couple et plus particulièrement de cette femme courage qui encaisse tel Rocky sur un ring, nous nous tranquillisons sur notre célibat. Mieux vaut un verre de vin rouge toute seule qu'un dîner aux chandelles avec un monstre. Si l'amour est l'acceptation, Sarah accepte trop au point de représenter une génération de refus d'échec amoureux et de "je t'aime moi non plus mais ce n'est pas grave on reste ensemble". Et si ça avait été l'inverse? La femme libre et l'homme ensorcelé? Ç aurait été plus intéressant. Mais quelque chose nous dit que Bedos avait besoin de se psychanalyser.
Une vie
Le film se veut être un hymne à l'amour, un hymne aux couples (rassurez-moi les histoires ne se déroulent pas toutes comme ça?), et un hymne à la vie à travers la politique, l'écriture, la lecture et la famille. Ce qui démarre comme une comédie vire au drame malgré ses répliques piquantes et drôles à souhait (mention très spéciale pour le personnage du psy!). Quant à la mise en scène, une bonne demi-heure aurait pu être enlevée afin d'assouplir l'oeuvre et quelques caricatures auraient pu être évités (le gigolo porto-ricain ou encore l'étudiante sexy). Dommage pour ce couple qui comme Brad et Angelina, nous on vendus du rêve avant de se ramasser avec une fluidité déconcertante.
Il en va de même pour le film. Nous finissons par bailler devant ces tourtereaux qui ne se déchirent plus mais se massacrante littéralement l'âme et le reste à coup de situations invraisemblables et inhumaines. Tirée par les cheveux, l'histoire en devient un roman à elle seule... un roman que nous aurions bien lu en état d'ébriété pour en apprécier le délire, qui, ajeun, semble surtout épuisant. C'est ambitieux, mais pour le coup, heureusement que la femme sauve les failles de ce film romanesque. Madame Adelman mérite le respect tandis que Monsieur peut descendre les poubelles. Cynthia
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