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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Thirteen (13)
USA / 2003
10.12.03
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SOEURS TEEN
"- Ca moule ou ça coule, salope."
De Larry Clark à Aronofsky, le cinéma indépendant n'en finit plus de dresser un état des lieux de la jeunesse américaine, loin des clichés hollywoodiens, de l'aseptisation de la télévision ou même des discours moralisateurs des politiciens. Bref, le "jeune", espèce en voie de destruction , n'est plus regardé comme un objet incongru, mais bien de l'intérieur.
Dans une histoire entre Mauvaises fréquentations et le dernier Nothomb, "Antechrista", Thirteen nous emporte dans les soubresauts et les tourments d'une adolescente en mal d'émancipation, en quête d'identité. Les lolitas fashion victimes et apprentis Star Ac sont ainsi épinglées par l'entremise d'une relation fusionnelle entre deux copines, l'une manipulatrice, l'autre prête à toutes les erreurs de parcours. Comment des jeunes filles qui jouent aux Barbies deviennent en si peu de temps des pétasses décérébrées et cruelles? C'est la question posée, et avec un discours moral un peu plus appuyé que chez les Van Sant & Co, les réponses, les pistes, les hypothèses seront là pour comprendre l'étendue du problème. L'abandon d'un parent, la pauvreté, le poids des apparences ("Beauty is truth"), l'humiliation et l'uniformisation forment l'essentiel de cette mutation. Dans ce monde futile et avec des relations éphémères, loin du cadre plus rigoureux du foyer et des objectifs plus ennuyeux de l'école, les gamines sont vite plongées dans une excitation puérile, une fébrilité ridicule, dans un univers stérile, avec des langages stupides. On les aime rarement, et c'est ce qui créé un peu trop de distance avec le spectateur. Mais c'est très bien vu, et nous sommes parties prenantes de ces existences pourtant à des années lumières de nous. Peut-être parce que Thirteen établit un lien invisible entre cette génération et nous-mêmes. En cela, il ne sera pas difficile de s'identifier à l'excellente Holly Hunter, qui cherche à comprendre, qui se méfie, qui se sent impuissante et responsable. Comme nous, nous le serions, sans doute.
Finalement, ces paumées, oubliées du rêve américain cherchent à l'atteindre avec des bribes d'émotions, avec des pacotilles de marque. L'absence de civisme est compensée par l'obsession du consumérisme. Il n'y a rien de caricaturale dans ces gamines dont le modèle est Britney ou Jennifer. Le vulgos chic. Après les skaters glandeurs ou les lycéens largués, voici les mineures trop précoces.
Thirteen va droit au but, tantôt sensuel, tantôt brutal. De la dope au cul, des symboles aux clichés, tout y passe, et l'héroïne prend tous les coups. L'erreur est humaine et cette déviation par les enfers n'aura pas été inutile. Un retour vers le futur : la vie d'une fille de 18 ans quand on en a 13, ça enclenche des soucis. En se regardant jouer à l'adulte tout en n'évitant aucun des rituels sadiques du passage à l'âge adulte, elles s'isolent du monde et se marginalisent. C'est ce qui restera d'angoissant dans cette série de films récents très marqués par une réalisation typique du cinéma indépendant, entre caméras à l'épaule et "documentarisation" de la narration. Chercher du réel dans le fictif, ou l'inverse. Ces filles mal dans leur peau, amorales, hystériques, entre perversité et incapacité à exprimer leurs sentiments, nous feraient presque pitié. Cette génération du "copier coller" montrent des filles qui assument leur féminisme, et des mecs complètements impuissants, perdus, obéissants. C'est ce qu'il faut retenir de ces femmes perdues : leurs hommes inexistants. La détresse des femmes prend racine dans la société mais aussi dans une castration mal maîtrisée. Déboires, détresses et âmes dérangées, cet exercice presque narcissique nous laissera un peu sur le carreau, en croisant les doigts que notre jolie héroïne redevienne une fille sage et heureuse. Déjà, il faudrait lui enlever son téléphone portable. Ce serait un bon début pour la désyntox. Vincy
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