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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |







(c) Ecran Noir 96 - 25 |
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La Belle et la Bête (Beauty and the Beast)

USA / 2017

22.03.2017
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 AU-DELÀ DES APPARENCES...
"Dis-moi...suis-je bizarre?"
Après le succès de Maléfique, inspiré de La Belle au bois dormant, les studios Disney décident de poursuivre les adaptations "live" de leurs Classiques d'animation.
Le dessin animé de 1991 devient ici une aventure émotionnelle et féerique, et même assez irradiante, sous la réalisation de Bill Condon (Twilight) avec de fortes innovations (surtout pour Disney), accentuant le féminisme de ses héroïnes récentes et faisant apparaître enfin l'homosexualité.
Emma Watson est parfaite et radieuse en Belle. Non elle ne veut pas se marier avec Gaston (même si c'est le sexy Luke Evans) parce qu'il est bête et arrogant et qu'il est persuadé que la femme doit lui masser les pieds pendant que les marmites sont sur le feu. Le film oscille ainsi entre des moments magiques, ce qui était dans le contrat, et des séquences touchantes, comme lorsque Belle apprend à lire à une petite fille avant de se faire traiter comme une révolutionnaire. Belle représente à elle seule la femme qui se doit forte face au monde rétrograde, une érudite, une femme libre et autonome. Evidemment, le summum est de choisir celui qu'on aime. Et encore plus de dompter la bête, de sauver ces hommes mal dans leur peau.
Autre nouveauté, un personnage homosexuel, Le Fou, dans une scène chantée et mimée pas vraiment ambivalente mais de loin la plus originale et la plus fantaisiste. Nous avons même eu droit à une scène travestie où un autre personnage se retrouve habillé en femme et semble aimer ça. Ces petits ajouts renforcent l'intention du film.
Mais, mis à part ces petites nouveautés, La Belle et la Bête reste surtout fidèle à l'oeuvre originale qui nous faisait vibrer durant notre enfance. On est très loin de l'onirisme de Cocteau ou de l'heroic-fantasy de Christophe Gans. Les chansons sont spectaculaires grâce à leurs interprètes qui ressemblent fortement à ceux du dessin animé (jusqu'à la voix des acteurs). On en oublierait presque qu'elles ont été créées pour adoucir la connotation sexuelle et l'esprit libertaire du contre de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont. Pour les fans, il y a ce qu'il faut d'émerveillement de la première seconde (un bal somptueux avec un Dan Stevens sexuel et excitant malgré son costume à la Louis XVI) à la dernière qui diffère de la version de 1991 mais reste magnifique. On ne peut qu'apprécier les enrichissements comme le bête et cruel Gaston, macho égoïste. Il y a aussi une méchante meute de loups, effrayante. Et la Bête est moins monstrueuse que malaimée. Les effets spéciaux donnent corps à la magie animée de Disney. Evidemment, c'est un film pour les fans (les autres trouveront trop de défauts, trop de clichés, trop de romantisme pour être emballés): ébahis et littéralement ensorcelés, ils chantonneront les airs mélodieux et mielleux avec les yeux brillants d'un enfant!
On peut quand même y voir un propos audacieux, à défaut d'être subversif, sur la différence et la tolérance, une belle réussite esthétique (la direction artistique surclasse l'ensemble des métiers du film), la lumineuse actrice et l'aspect épique de l'œuvre. Il y a quelques longueurs, mais ça ne manque pas de profondeur. Les scénaristes ont su moderniser le conte, tout en conservant son côté sucré. Cette opérette du XXIe siècle (et coûteuse) est tout aussi kitsch que majestueux. Finalement, c'est davantage l'adaptation du "musical " de Broadway que du dessin animé hollywoodien: ce théâtre d'ombres et de lumières, entre cris et chuchotements,extravagance de la mise en scène et surabondance d'effets, a préféré une partition solide et prévisible (jusqu'à Céline Dion au final) qu'à une prise de risque réelle. Il n'empêche, bande de médisants: ça fait du bien de retrouver son âme d'enfant et de s'identifier enfin à une femme aussi belle à l'intérieur qu'à l'extérieur. Capable d'aimer un prince maudit et de rejeter le bellâtre stupide. Cynthia
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