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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Je danserai si je veux (In Between - Bar Bahr)
Israël / 2016
12.04.2017
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TROUVER SA PLACE
«- Je dois arrêter les joints aussi ? Changer mes robes ? Tu peux me faire la liste ?! »
Dès le premier plan, Maysaloun Hamoud pose le problème. Une mère explique à sa fille comment elle doit se comporter avec son futur mari. L’équilibre du monde repose donc sur la soumission de la femme.
Mais Je danserai si je veux souhaite justement démontrer que le monde ne tournera bien que lorsque les femmes se libéreront de ces chaînes. Avec trois femmes, elle dépeint la difficulté à vivre entre tradition et modernité, devoir et droit, tentations occidentales et culture ancestrale, compromissions et hypocrisies.
Si c’est un peu didactique dans l’approche (trois femmes forcément différentes, représentant trois féminités stéréotypées, et des hommes lâches et rétrogrades un peu trop caricaturaux), le film ne manque pas de charme et son esprit ne peut que séduire.
En Israël, trois femmes arabes, célibataires, sont à un virage de leur vie : une avocate qui cherche le grand amour, une barmaid/DJ lesbienne et une étudiante qui doit se marier avec un homme traditionaliste. Leurs itinéraires vont emprunter le même chemin, celui de la liberté, par quelques détours et obstacles.
Trois grâces
Voilée ou adepte de joints, vierge ou libérée, croyante ou indépendante. Peu importe ce qui les définit : elles embrassent, elle se baignent, elles ouvrent leurs gueules si elles veulent. Dans cette Tel Aviv, aka Sodome et Gomorrhe, le monde autour d’elle bouge : la musique est électro, l’alcool coule à flot, les mecs ne sont pas à la hauteur (et les préfèreraient à la maison).
Sans être franchement original, et un peu affaibli par quelques creux de vagues, Je danserai si je veux est un hymne à l’égalité des sexes et au féminisme qui tient sa force dans l’interprétation naturaliste et juste de ses comédiennes. Vivantes et authentiques, entourées de beaux garçons, elles imposent subrepticement leur point de vue, redoutable, qui va à l’encontre des carcans qu’on leur impose.
Loin des hommes
Ce « vive la différence » que plaide le film s’oppose au « vivre ensemble » qui paraît utopiste. Ce qui est d’autant plus inquiétant. A partir d’un scénario flottant au gré des événements et des tourments, le récit ne masque pas la violence des uns et les névroses des autres. La réalisation ne s’embarrasse pas d’un style particulier, se concentrant sur ces actrices. Hormis cette séquence en plan presque fixe, enfermé dans une chambre, où l’on assiste à une dispute entre un mâle dominant et une femme étouffant ses émotions. Claustrophobique et horrifique, cette scène saisit les tripes en usant simplement d’un homme-animal, sûr de son pouvoir, dont on ne voit que le bassin et les jambes, et d’une femme-proie, assise, au bord des larmes.
C’est aussi là que tout bascule. Même le scénario s’autorise plus de fiction. Coincé dans son aspect descriptif dans une première moitié, même si l’humour soulage la gravité ambiante, il déclenche la bataille salutaire des points de vue dans la seconde. La chronique douce amère fait place à une déclaration des droits de la femme, avec un mode de vie non négociable et le renvoi des coupables dans leur grotte.
Trois destins féminins et solidaires - trois corps aussi, trois manières de se déplacer, de séduire, de danser – qui vont s’affranchir de toute et ne former qu’un. Solitaires mais libres.
vincy
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