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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Life: Origine inconnue (Life)
USA / 2017
19.04.2017
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PREMIER CONTACT
«- Tout ce que je ressens n’est ni rationnel, ni scientifique… c’est de la haine, de la pure haine envers ce truc. »
On imagine comment le pitch a été vendu : c’est un mix entre Alien et Gravity. Sur le papier, ça ne semble donc pas original. A l’écran, l’histoire a un côté déjà vu. Pour le reste, ce serait quand même dommage de passer à côté de ce film de science-fiction légèrement horrifique, et véritablement terrifiant. Daniel Espinosa n’est pas forcément un adepte de la subtilité. Mais cette fois-ci, il a fait des efforts. Si le prologue est visiblement construit comme un tour de force servant à nous épater (un faux plan séquence tourbillonnant où l’on se balade dans la station spatiale, mélange de flottement gracieux, de bavardages présentant les personnages et de menace d’une capsule arrivant à grande vitesse), il installe ensuite son récit et son atmosphère pour être avant tout efficace : des êtres prisonniers dans leur huis-clos claustrophobe, mourant un par un, une tension et quelques sursauts, et une série de rebondissements inattendus.
C’est assez puissant quand on connaît la fin, elle-même surprenante. Cette expérience scientifique qui tourne mal est très progressive. Mais on sent, on sait que tout va se gâter quand l’alarme va nous réveiller d’une première partie qui refuse toute action ou toute digression. On se doute bien que la petite cellule venue de Mars va causer des dégâts. Les scénaristes et les producteurs ont frapper fort, à la manière d’un Psychose d’Hitchcock, en faisant de l’une des stars du générique la première victime, une demi-heure après le début du film. C’est le premier effet visible de ce script qui refuse les conventions hollywoodiennes. L’épilogue clouera le cercueil du film hollywoodien classique en rejetant le happy end.
Seuls dans l'espace
Outre ces twists, l’autre bonne idée est d’avoir créé un alien mutant. Une cellule basique, a priori adorable, qui se métamorphose en monstre à la force surdimensionnée. Un véritable serial-killer qui laisse peu de chance aux scientifiques. La bestiole, poulpe répugnant et intelligent, permet à Espinosa de se vautrer dans un gore un peu vulgaire. Ce n’est pas forcément ce qu’il réussit le mieux, d’autant qu’il parvient à créer une atmosphère stressante qui suffisait en elle-même. Les situations sont suffisamment critiques, les personnages vulnérables et le contexte morbide pour provoquer le suspens.
« De quoi est-il capable ? ». A chaque mort, le poulpe, baptisé Calvin, se renforce, étend ses possibilités meurtrières. Ce qui en fait un ennemi redoutable. Bien sûr, ça ne dépasse pas le stade de la série B. Parce que les protagonistes humains, à l’exception du personnage de Jake Gyllenhaal en dépressif, sont stéréotypés, leurs dialogues trop convenus, l’ambiance surdramatisée, le film ne laisse pas beaucoup de place à une profondeur ou une réflexion sur la nature humaine. Ce n’est que du divertissement. La sensation ne compense pas le vide.
C’est donc le procédé d’élimination infernal, avec 40 minutes pour vivre (il n’en reste que deux), qui sert de matrice à Life. Une contamination par propagation qui suffit à nous faire imaginer ce qu’il advient après le dernier plan. C’est là, étrangement, que le film s’avère le plus glaçant.
vincy
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