|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
De toutes mes forces
France / 2016
03.05.2017
|
|
|
|
|
|
MY MOM'S LIFE MATTERS
"Si t'étais moins jeune et moins con, bah je t'épouserai !"
Dix-sept ans après 17, rue Bleue, Chad Chenouage est de retour avec un long-métrage qui traite brillamment du quotidien d'un adolescent plus que tourmenté. Passionnant et nécessaire, De toutes mes forces vaut vraiment le détour.
Karma en panne
Actuellement en première dans un grand lycée parisien, Nassim cache à ses amis que sa mère est dépressive. Mais le jour où celle-ci meurt, son quotidien se retrouve complètement bouleversé. Dans l'incapacité d'habiter avec sa famille, il se retrouve placé dans un foyer. Il tente alors de jongler entre sa vie avec les jeunes du centre et celle avec ses camarades de classe. Mais ces deux mondes finissent par se rencontrer.
Pendant 1h38 c'est donc à la perte totale des repères de Nassim que l'on assiste, impuissants. Cet adolescent fait tout pour être heureux et ne pas voir l'horreur de sa situation : sans père, il est le seul à s'occuper de sa pauvre mère. Malheureusement, cela l'empêche de vivre pleinement sa vie d'adolescent. Une vie qui lui sera complètement arrachée par le suicide de sa mère. Comme porté par un karma défectueux, Nassim réalise petit à petit que le destin vers lequel il tend ne sera jamais celui-ci dont il rêvait.
Et le garçon n'est pas aidé. Habitué à fréquenter la jeune bourgeoisie parisienne, il a du mal à se faire un place dans ce nouveau foyer et n'évite pas certains écueils : les affrontements avec les "meneurs" et une brève romance avec la "rebelle" de la bande. Des rencontres et des péripéties qui vont modifier sa personnalité, faisant de lui un être qui, quelques mois plus tôt, l'aurait franchement rebuté.
Film social
Bien évidemment, De toutes mes forces ne s'affranchit pas des codes propres au cinéma social. On y voit un choc des cultures et une représentation plus ou moins correcte des classes populaires et des "nouveaux précaires" comme dirait Gilles Herail. Plus encore, De toutes mes forces donne une visibilité à des personnes auxquelles on s'intéresse rarement : ces adolescents un brin violents, trop vieux pour être adoptés et trop jeunes pour être envoyés en prison.
Dans une volonté d'être le plus authentique possible, on comprend très bien pourquoi Chad Chenouga s'est tourné vers Khaled Alouach pour incarner Nassim. Pour son premier rôle au cinéma, ce garçon de 19 ans a clairement de quoi faire et s'en sort haut la main. Colérique et instable, Nassim tente de faire son deuil. Et cela lui prend du temps. Par chance, Khaled Alouach a ici été épaulé par Yolande Moreau, absolument incroyable en directrice de foyer bienveillante. Bref, un rôle qui était fait pour elle !
Sans bousculer les codes du genre, De toutes mes forces est un film qui devrait plaire aux adolescents - et qui mérite de leur être montré. Sombre et cruel, le deuxième long-métrage de Chad Chenouga est de ceux qui ravissent les amateurs de cinéma réaliste, comme ce fut le cas lors du dernier Festival 2 Valenciennes dont De toutes mes forces est reparti avec le Prix de la Critique, le Prix des Etudiants et un Prix d'interprétation masculine (pour Khaled Alouach).
wyzman
|
|
|