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UN JUSTICIER DANS LA VILLE
Jacob King débarque à Los Angeles à cause d’un appel de sa sœur, mais il va découvrir son corps à la morgue : elle a été torturée et tuée. Sur l’ordre de qui, et pourquoi ? King va confronter ses quelques connaissances et affronter des gens peu recommandables pour reconstituer un écheveau de liens lui permettant de répondre à ces questions. Le message de King est simple : vengeance…
Fabrice Du Welz avait secoué Cannes avec Calvaire puis Venise avec Vinyan et encore Cannes avec Alleluia : à chaque fois ses films ont rencontré un large succès d’estime mais sans gros succès public en salles. « A un moment on a besoin d’un peu de succès au box-office pour continuer. C’était un peu le moteur pour avoir accepté Colt 45 qui était un film de commande, mais ça a été une mauvaise expérience. Mon nouveau film Message from the King est aussi un film de commande aux Etats-Unis, et là ça a été une collaboration idéale avec les acteurs» explique-t-il.
Voila donc une histoire de vengeance emmenée par Chadwick Boseman (star montante en James Brown dans Get on Up puis dans Captain America: Civil War), et avec Luke Evans (dans les saga Le Hobbit et Fast and Furiuos), Teresa Palmer (Warm bodie, Tu ne tueras point…) et Alfred Molina (Spider-Man 2, Love is strange…), en effet le casting fait un beau générique. Un autre personnage est central dans ce film, c’est la ville de Los Angeles, filmée non pas comme la cité des anges mais comme les bas-fonds d’un purgatoire. Ici cette ville est un endroit où tout le monde cherche quelque chose mais qu’il faudrait mieux quitter après un certain temps, au risque de s’y perdre.
Message from the King est donc un film de vengeance à Los Angeles. Si le scenario est plutôt léger (presque chaque rencontre donne une nouvelle information pour une nouvelle rencontre afin de trouver le coupable), celui-ci est mis en valeur par la façon de filmer de Fabrice Du Welz qui lui donne de l’épaisseur. L’histoire est d’abord le voyage d’un inconnu dans une ville qui lui est inconnue. Le spectateur découvre la ville à travers ses yeux et apprend à le connaître à travers son errance. Sans réelle surprise, c’est un polar où se mélangent petit dealer et gros voyous, docteur, producteur et politicien corrompus: c’est efficace avec un air de déjà vu.
On ne sait quasiment rien du héros au début du film, on découvre son obstination et sa capacité à se battre au fur et à mesure. Une scène de bagarre où il va se servir d’une chaine de vélo fait de King un personnage iconique pour l’affiche du film. Si le scénario roule sur des rails de façon plutôt convenue il réserve tout de même quelques bonnes séquences. Il y a en particulier un moment où le héros (personnage à la peau noire) est arrêté et tabassé par deux flics (hommes blancs) qui ont l’habitude de ce genre de brutalité : le film fait ici écho à certains faits-divers de policiers violents et racistes… La portion de Los Angeles que l’on voit à l’image ne fait pas rêver, c’est un environnement interlope et dangereux dont l’ambiance rappelle un peu celle des années 80 comme le Hardcore de Paul Shrader (un père à la recherche de sa fille…).
Fabrice Du Welz, en passant de l’autre côté de l’océan Atlantique, vient de gagner un ticket de faiseur de film américain qui a su se débrouiller au mieux avec ce script assez ordinaire et des producteurs trop interventionnistes: l’erreur de montage où on voit le héros offrir un cadeau pour une petite fille qu’il n’a pas encore rencontré, le décodage improbable d’un fichier vidéo, un effet spécial de gorge qui saigne un peu raté... montrent que le final cut a été un peu bâclé. Il reste de Message from the King ce personnage de héros vengeur mais aussi une certaine ambiance particulière de la ville. Bref une série B d'atmosphère qui renoue avec un certain cinéma policier des années 1970.
Kristofy
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