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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Marie-Francine
France / 2017
31.05.2017
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100% LEMERCIER
On peut au moins reconnaître une chose à l'oeuvre de la réalisatrice Valérie Lemercier, la cohésion. Toutes ses fantaisies, entre farces et comédies de moeurs, observant le comportement humain sous toutes ses facettes (et souvent les plus excentriques) dans des situations presque surréalistes, conduisent à faire rire avec des personnages stéréotypés mais familiers.
La bourgeoisie de Lemercier est une classe sociale aliénante, d'où l'on ne peut sortir qu'avec l'amour (grossier parfois) ou le rire. Marie-Francine est logiquement dans l'air du temps. L'adulte qui se casse les dents sur la vie et qui revient chez ses parents, on nous a déjà fait le coup l'an dernier avec Retour chez ma mère.
Mais ici, le film est plus romantique, plus "Chatilliez" aussi. L'aspect amoureux est d'ailleurs ce qui nous emballe le plus: dans son cinéma, Lemercier bâclait souvent les histoires affectives. Cette fois-ci, avec un Timsit touchant, elle sait s'amuser avec la séduction. Surtout, on retrouve sa faculté à infantiliser les adultes, qui sait si bien nous divertir sur scène.
Plus tendre que ses autres films, Marie-Francine est en revanche plus paresseux sur les comiques de situation et les gags, qui ont tous un air de déjà vu. L'ensemble est peut-être burlesque, mais la mécanique est trop sage pour qu'elle déclenche les rires. Bien sûr il y a des moments hilarants, même si le film vise avant tout à émouvoir. Mais il manque sans doute un zest de cynisme, d'humour grinçant, pour que le côté décapant ne soit pas lissé par la poésie un peu forcée du propos.
Entre vulgarité provocante, élégance pudique et romance sentimentale, Lemercier a toujours un peu de difficultés à allier tous ses genres, à réaliser au cinéma ce qu'elle sait produire en un sketch sur scène. C'est un joli travail artisanal qui manque de profondeur et de précision. Il y a toujours ce côté collage de séquences qui empêchent une dynamique, un rythme. C'est tout le problème des comédies de Valérie. Et puis il y a cette nostalgie (elle aime cette vieille France chic) qui empêche le film de nous interpeller, nous pauvres miséreux de la réalité. Quant au cinéphile, il doit attendre la fin pour avoir une inventivité cinématographique.
Pourtant il y a du plaisir à vivre les (més)aventures de Marie-Francine. D'abord parce que tous les rôles sont excellents. Ensuite parce que le ton de l'auteure est réellement original, singulier. Elle parvient à nous surprendre. C'est d'ailleurs sur ces bases là qu'on regrette le manque de perfectionnisme au cinéma de Lemercier. Comme si son acte cinématographique consistait à foutre simplement le bordel sans se soucier des détails et du récit.
Mais on revient à son problème d'équilibre. Satire sociale? Comédie romantique? Drame burlesque? S'il n'y avait pas les acteurs pour nous faire sourire, on en pleurerait presque de voir le talent de Valérie Lemercier aussi gâché sur grand écran.
vincy
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