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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Churchill
/ 2017
31.05.2017
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LE DISCOURS DU VIEUX LION
La réussite est l'aboutissement d'une succession d'échecs confiait Winston Churchill. Et des échecs, le Premier ministre, en a essuyés.
Le film Churchill nous plonge en juin 1944, juste avant le débarquement en Normandie. Winston Churchill (Brian Cox, remarquable de mimétisme mais pas aussi décapant que Timothy Spall dans Le discours d'un roi) s'oppose à la stratégie du général Eisenhower et tente de défier les ordres américains, en vain. Plus personne ne le prend au sérieux à cause de son âge, ce qui renforce ce vieux bougre dans son envie de rentrer dedans à la manière d'un joueur de rugby fonçant dans la mêlée.
Si les soldats combattent sur le front sans lui (à son grand regret), Churchill combat avec les mots. Grand orateur, ses discours continuent de faire le tour du monde et être cités un exemple. Tout comme Le discours d'un roi, Churchill s'attardera sur le long discours post-Débarquement, le moment où toute l'Angleterre était accrochée au cigare du ministre britannique.
Les femmes derrière l'homme
Comme tous les grands hommes politiques, une femme (ou plusieurs) se cache derrière. En l’occurrence ici, il y en a deux: sa femme (Miranda Richardson, de loin la meilleure performance du film) et sa secrétaire (Ella Purnell, graine de star). Sa femme lui inspirera son grand discours tandis que sa secrétaire ouvrira son côté humain face à la guerre (le récit de son homme parti sur le front fait couler le liquide lacrymal).
En fouillant l'homme au plus profond de son être, Churchill est un film efficace, classique, assez puissant où le pouvoir des mots règne dans un monde d'action et de sang (à croire que les époques ne changent pas). C'est convenu, les métaphores visuelles déjà vues, la structure narrative très prévisible. Mais, fort et réaliste, on est vite dominé par ce monstre sacré de la politique qui pouvait, en quelques phrases et quelques volutes de cigare, captiver tout un peuple.
Evidemment, le principal problème de Churchill est qu'on connaît l'Histoire, et donc l'histoire. Ça tue le suspens. En se focalisant sur ces quelques heures cruciales, le film s'empêche une confrontation et une tension qui tiendraient en haleine le spectateur. A moins de ne pas avoir appris la période de juin 1944, ce drame historique n'a pour moteur que le portrait d'un personnage. Mais, dans le genre, nous pouvons nous laisser bercés par cette leçon d'histoire et de rhétorique, que l'on adorerait dédicacer à Donald Trump... histoire qu'il sache ce qu'est un vrai politicien! Cynthia
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