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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Wonder Woman
USA / 2017
07.06.2017
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PRINCESSE DIANA
"- Diriez-vous que vous êtes un spécimen typique de votre sexe ?
- Je dirais que je suis… au-dessus de la moyenne."
Attention, cet article contient des spoilers.
A la fin de l'année, l'univers cinématographique de Marvel aura atteint les 17 films. En face, DC Comics semble plus qu'à la traîne puisque Wonder Woman de Patty Jenkins n'est que le 4e long métrage de l'éditeur (en dehors des Batman des 90s et de Nolan). Mais en attendant le carton annoncé de Justice League, Warner Bros. a fait le pari de se concentrer sur une femme, une super-héroïne. L'intérêt d'un grand studio ne s'était pas porté sur une super-héroïne depuis Catwoman et Elektra il y a 12 ans. Et force est de reconnaître que l'attente a payé car Wonder Woman est globalement réussi. Explications.
La naissance d'une star
Diana grandit sur l'île des Amazones et rêve de devenir l'une d'entre elles. Contre l'avis de sa mère Hippolyte, elle demande à sa tante, le général Antiope, de la former. En grandissant, sa force se retrouve décuplée et elle finit par surpasser les autres guerrières de l'île. Mais alors qu'elle tente de comprendre pourquoi elle se sent si différente, un pilote américain s'écrase en mer. Diana décide de le secourir et se retrouve malgré elle investie d'une mission : sauver les humains de la guerre mondiale dans laquelle ils se sont empêtrés.
Fondamentale et ultra pertinente, la première partie est à nos yeux la meilleure car elle est portée par des personnages féminins forts et charismatiques. On pense notamment à Connie Nielsen qui incarne une Hippolyte particulièrement touchante tandis que Robin Wright parvient à donner corps à une guerrière qui aurait pu être rapidement oubliée. Mais la suite de Wonder Woman se retrouve à moitié gâchée par l'introduction d'hommes dans le quotidien des Amazones. Humains, ils sont mus par leurs désirs, leur inimitiés et leur soif de pouvoir.
En décidant de secourir Steve Trevor et de le suivre dans son monde, celui des humains, Diana passe alors du statut de guerrière remarquable à celui de femme splendide. Une forme de déclassement qui en dit long sur notre vision de la femme au cours du siècle dernier. Incarné par un Chris Pine ni bon ni mauvais, Steve Trevor fait office de partenaire parfait pour Wonder Woman. Il l'introduit dans le monde des humains et la protège comme il peut. Un comble (ou une absurdité) quand on sait de quoi la super-héroïne est véritablement capable. Comme si les producteurs ne faisaient pas entièrement confiance à leur super-héroïne.
Une femme pas comme les autres
Outre le fait d'être le premier film de super-héros centré sur une super-héroïne, Wonder Woman est également le premier du genre à être réalisé par une femme. Autant de premières fois qui nous rendent dubitatifs par leur "retard" et admiratifs à la fois. Et c'est certainement parce que Wonder Woman a été écrit par trois hommes que l'on ne peut s'empêcher de penser que certaines répliques et certaines scènes sont de trop, mal mises en place ou tout simplement dignes d'un scénario de mecs.
On pense notamment à la scène au cours de laquelle Wonder Woman et Steve Trevor font l'amour. Était-ce nécessaire ? La réponse la pus évidente est un non résolu. Définie comme naïve dès lors qu'elle entre dans le monde des humains, Allan Heinberg, Geoff Johns et Zack Snyder ont visiblement ressenti le besoin de la faire "passer à la casserole" pour qu'elle soit officiellement une femme aux yeux du public masculin. Une attitude que l'on regrette fortement et qui laisse à penser que les trois scénaristes ont eu besoin d'affirmer l'hétérosexualité d'un personnage encore candide, vivant sur une île de femmes. De plus, cet aspect de Wonder Woman n'est certainement qu'un prétexte pour raviver la tension érotique qui liait l'Amazone à Batman dans Batman v Superman. Une autre erreur de la part des scénaristes !
Entre action et émotion
Bien évidemment, avec Zack Snyder en surveillant général, les scènes de combat sont ultra stylisées, dopées aux ralentis et souvent trop sombres. Néanmoins, cela fait un bien fou de voir Wonder Woman traverser le no man's land en slow-motion. Enfin une femme ! Et à voir la manière dont elle mène ses troupes, ou dirons-nous simplement ses camarades de guerre, nous sommes d'avis qu'elle ferait une excellente meneuse dans Justice League. A condition que le réalisateur de Sucker Punch parvienne à calmer ses ardeurs concernant les combats finaux. Qu'il s'agisse du général Zod dans Man of Steel ou de Doomsday dans Batman v Superman, Snyder s'emporte souvent trop et sa démesure est constamment critiquée.
En attendant, Wonder Woman est un bon premier jet pour les aventures solo de l'Amazone. Plus optimiste et empathique que ses comparses, Wonder Woman parviendrait à redonner espoir à n'importe lequel d'entre nous. Et même lorsque son texte semble écrit pour une campagne humanitaire ("Je suis prête à défendre ceux qui ne peuvent pas."), Gal Gadot incarne à la perfection le personnage de comics. Talentueuse et fascinante, l'actrice révélée par la série The Beautiful Life et la saga Fast and Furious trouve ici un rôle qui la marquera au fer rouge.
Imparfait, Wonder Woman est néanmoins le film que l'on mérite. Féministe sans trop aller à l'encontre des mâles, hétéronormé sans complètement décevoir les LGBTQ, le film de Patty Jenkins fait parfaitement le boulot : Wonder Woman est drôle, divertissant et historique. C'est un blockbuster qui se regarde entre amis, en famille, en amoureux. Bref, avec tout le monde ! wyzman
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