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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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HHhH (The Man with the Iron Heart)
/ 2017
07.06.2017
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BIPOLAIRE
Le premier roman de Laurent Binet avait toutes les chances d’être transposé sur grand écran : une histoire vraie, un monstre nazi, une opération clandestine pour l’assassiner, et finalement cette seconde guerre mondiale qui fourmille d’événements et de personnages où le cinéma peut puiser indéfiniment.
Pas étonnant alors que des comédiens aussi réputés (Jason Clarke, bestial comme il faut, Rosamund Pike, glaçante comme d’habitude, Jack O’Connell, héroïque as usual, ou Mia Wasikowska, Gilles Lellouche et Céline Sallette pour des figurations de prestige) plongent dans ce récit historique.
Malheureusement, Cédric Jimenez ne sait pas par quel bout le prendre. La construction même du scénario rend bancal tout l’ensemble. Divisé en deux parties – l’ascension de Heydrich dans le régime Nazi et l’opération visant à l’assassiner – le film semble schizophrène. La première partie, où l’on assiste à la fabrication intime de la bête allemande, est de loin la mieux maîtrisée en mélangeant le portrait psychologique, le dilemme entre ambition professionnelle et construction d’une famille, et les faits « d’armes » de ce SS qui va concevoir la solution finale pour Himmler. Mais quand le film dévie vers la préparation de son assassinat, la réalisation de l’attentat et les conséquences d’un acte de guerre contre l’un des chouchous d’Hitler, toute la tension, l’horreur, l’intérêt du film s’évapore.
A trop vouloir faire un film d’action spectaculaire (en manipulant le spectateur avec l’attentat qui est montré par morceaux à trois moments du film), à oublier son personnage central, le réalisateur perd son point de vue et nous fait vivre deux histoires : celle du bourreau et celle des deux héros chargés de le tuer. Hélas, la seconde n’a rien de palpitant, et s’avère même tristement banale, tout en occupant la moitié de HHhH. Malgré de petites touches inspirées, la mise en scène de Jimenez se dilue dans un enchaînement de séquences déjà vues.
On n’éprouve pas grand chose pour les deux héros au destin tragique. Là où on s’attendait à avoir le souffle coupé (avec l’attentat ou avec le piège qui se referme sur les auteurs de cet attentat), le spectateur prend conscience que l’histoire d’Heydrich était plus intéressante que sa mort. Que le point de vue de sa femme paraissait plus passionnant à explorer. En voulant faire un film de guerre alors qu’il amorçait un fabuleux portrait du « mal absolu », le cinéaste manque de faire un film sur le cerveau d’Himmler, tout en ne réussissant pas à héroïser la résistance des dissidents.
vincy
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