Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Ce qui nous lie (Back to Burgundy)


France / 2017

14.06.2017
 



CHACUN CHERCHE SA PLACE





«- L’amour c’est comme du vin, il faut du temps, il faut que ça fermente. »

Quatre ans que Cédric Klapisch n’avait pas sorti un film. Dans sa filmographie c’est la plus longue attente. Ce qui nous lie pourrait être le titre de chacun de ses films : des étrangers ou des voisins, des gens unis par leur classe sociale ou par leurs habitudes, c’est ce qui compose chacun de ses films. Ici, il creuse son sillon. Il réduit le nombre de personnages, recentre le cadre à une ferme viticole, étale le temps sur plusieurs saisons. Le réalisateur oserait presque un renouvellement avec un drame familial, parfois joyeux, parfois drôle, souvent plombant.

Car de tous les films de Klapisch, Ce qui nous lie est sans doute celui qui repose sur le scénario le plus faible. Un scénario de téléfilm pour France 3, avec de maigres péripéties, un enjeu très fin, et peu exploité, et des personnages convenus. C’est étonnant qu’un si brillant auteur, qui a su capter son époque durant près de vingt ans, se soit enfoncé dans une histoire aussi vide, aussi passéiste, aussi peu moderne. C’est atemporel et anesthésiant. Circulez, y a aucune crise à voir. Déjà on s’inquiétait avec Casse-tête chinois, qui semblait ringard par rapport à L’Auberge espagnole, toujours pimpante, 11 ans avant.

Ne jetons pas toute cette cuvée 2017. Klapisch essaie de comprendre ce que sont les trentenaires d’aujourd’hui, les terriens contemporains, ce qui forge l’identité dans un pays qui fonce plus vite qu’on ne le croit vers la dématérialisation. Finalement, il ne parle que de ça : de la France, celle qu’il aime, qu’on vienne de Bretagne ou du bled. Qu’on soit expat ou enraciné.

Manque d'arômes

Dans cette histoire pesante d’héritage et de filiation (tout ramène à ça), le réalisateur tente de sauver les meubles vintages. Avec son style (timelapse, ralentis, scènes d’enfance qui rappelle les flash-backs d’Un air de famille), ses acteurs (Pio Marmaï remplace parfaitement Romain Duris, Ana Girardot est parfaite avec sa sensibilité, François Civil, qui hérite du rôle le plus ingrat et le plus nuancé, dévoile tout son panache durant quelques scènes), sa musique (pas de clavecin ou de cordes, c’est toujours un peu électro) et ses belles images.

Mais cela ne suffit pas pour nous captiver tant on se sent à distance des problèmes des uns et des autres et cela ne conduit à aucune émotion. Contrariant pour un mélodrame. Deux frères et une sœur, un père qui meurt, un beau-père tyrannique, un con de rival ne font pas un bon vin, même bio. Ce qui nous lie serait donc la terre, ce vin, le sang. Par-delà l’étouffement d’un patriarche (de sang ou d’alliance), l’enfermement dans ce magnifique paysage bourguignon et l’étranglement d’un monde qui ne comprend pas le sens de la liberté, voilà ce qui nous unirait.

Jusqu’ici, ce qui pouvait nous relier à Klapisch, c’était son regard un poil ironique, sa manière de rendre dérisoire les choses graves ou de faire de l’humour avec un mix clipesque de bonnes répliques et d’images très découpées. Là, hormis deux scènes (celles du notaire et celle de la fête de fin de vendange), rien n’est réellement inspiré, drôle, singulier. Le récit est trop mince, les dialogues un peu lourds (on a vite compris le message), l’intrigue secondaire. Bref, ça manque de structure, de complexité, d’acidité. Aucun perlant. Pas assez charpenté, pas assez ample, ce crû est mou, tranquille. Un assemblage qui ne convainc pas.
 
vincy

 
 
 
 

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