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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Dunkerque (Dunkirk)
/ 2017
19.07.2017
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DES HOMMES EN GALÈRE
"On n'a pas été à la hauteur..."
Trois ans après Interstellar, Christopher Nolan nous revient avec un nouveau projet ambitieux et démentiel : filmer l'évacuation des troupes alliées de Dunkerque en 1940.
Une guerre sans fin
Mai 1940. Les troupes françaises et britanniques luttent au Nord de la France pour repousser l'ennemi allemand (passons sur le fait qu'il s'agisse d'un point de vue purement britannique du conflit puisque le scénario ne révèle jamais les dizaines de milliers de Français sacrifiés ou évacués). Sur les plages, des dizaines de corps attendent d'être ramassés et rapatriés tandis que des centaines de milliers d'Anglais attendent, eux, que des destroyers viennent leur prêter main forte et les ramener à la maison. Le film glorifie alors cet épique combat qui hante encore les Britanniques, lorsque les Français ont préféré, comme les Américains, se souvenir du Débarquement en Normandie.
Tournage sur les lieux-mêmes du conflit, casting quatre étoiles et maîtrise parfaite du suspense. Tout est réuni pour que l'auteur de la trilogie The Dark Knight nous en mette plein les yeux. Malheureusement, cela ne prend pas. Étourdi par la musique omniprésente et dès lors inefficace de Hans Zimmer, le spectateur est là, livré à lui-même, espérant que quelque chose se passe. Un quelque chose qui n'arrive pas puisque pendant 1h47 c'est à une suite non-linéaire d'événements à laquelle il assiste. Ce film se veut immersif. Toute la technicité du réalisateur pousse en effet le spectateur à être au cœur des événements, sans ressentir, paradoxalement, la moindre émotion. Déjà avec Interstellar, Nolan nous avait perdus à force de nous balader. Ici, il nous laisse à quai à mesure que la tension est censée augmenter.
C'est finalement là le principal défaut de Dunkerque : avoir voulu rendre complexe et palpitante une histoire qui l'aurait été davantage sur grand écran si l'on n'était pas trop occupé à reconstruire le déroulement des événements. Des scènes d'action, nous dirons tout bas que Dunkerque n'en manque pas. Mais celles-ci se résument finalement à Tom Hardy jouant au chat et à la souris avec des pilotes allemands. On espérait plus d'un film de guerre aventureux. Et même pour un film de guerre, on est loin du brio d'Il faut sauver le Soldat Ryan, de l'horreur ressentie dans Les sentiers de la gloire ou de la justesse du diptyque Flags of our Fathers/Lettres d'Iwo Jima.
L'Histoire plombée par l'histoire
Si la caméra de Christopher Nolan est précise et sa mise en scène impeccable, on regrette également ces faux raccords dans le ciel. Fait-il beau ? Fait-il moche ? Pleut-il ? A un moment, il faut choisir. Puisque les scènes d'action ne sont pas à la hauteur, peut-être faut-il trouver de l'intérêt à ce blockbuster au niveau de ses personnages ? Mais là encore, petit bémol. Si certains d'entre eux ne sont clairement là que pour apporter une tension dramatique supplémentaire (coucou Harry Styles et Cillian Murphy), d'autres auraient mérité un meilleur développement. On pense notamment aux personnages campés par Mark Rylance et Tom Hardy.
Par chance, Christopher Nolan a eu la bonne idée de caster trois acteurs dont on devrait beaucoup entendre parler par la suite. Fionn Whitehead incarne ainsi Tommy, le soldat anglais star du film et doté d'un cœur plus grand que d'autres ; Tom Glynn-Carney est Peter, le courageux fils d'un plaisancier et Barry Keoghan joue un jeune homme au destin tragique. Ensemble, ils incarnent ce que l'on appelle facilement une jeunesse sacrifiée. A tour de rôle, ils intéressent par leur jeu on ne peut plus convaincant ou leur destin quasi-imprévisible.
Cependant, le cinéaste d'Inception a toujours livré des séquences finales explosives et impressionnantes par le passé. Là il semble plus accommodant, allant jusqu'à signer un épilogue en forme de happy end. Un contre-sens total après avoir voulu montrer l'enfer de la guerre pendant près de deux heures. Techniquement réussi, Dunkerque manque la marche des grands films à cause de son intentionnelle complexité (trois récits sont mis en parallèle avant de s'unifier pour donner une certaine cohérence) et d'une fin complaisante. Si l'on applaudit le casting et l'intérêt porté à cet épisode de la Seconde guerre mondiale, cela n'efface pas la narration fastidieuse, les dialogues fades et ces personnages à la valeur purement symbolique. wyzman
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