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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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My Cousin Rachel
/ 2016
26.07.2017
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LIAISON TRES DANGEREUSE
"- Tu ne sais rien d'elle…
- C'est toi qui ne sais rien."
Adapté du roman éponyme de Daphne de Maurier, My Cousin Rachel est la seconde adaptation cinématographique de cette œuvre complexe et sensuelle. Par chance, c'est le génial Roger Michell qui s'y est collé, nous offrant la dose d'érotisme qu'il manquait à notre été. Explications.
Sexe, mensonge et quiproquo
Dans l'Angleterre du 19e siècle, le jeune Philip apprend que son cousin Ambroise vient de se marier à une mystérieuse veuve italienne. Jaloux, le jeune Philip déteste rapidement sa cousine par alliance. Un jour, Ambroise laisse entendre dans une lettre que Rachel, son épouse, tente de l'empoisonner. Dès lors, Philip va tout faire pour venger sa mort. Mais sa rencontre avec Rachel pourrait bien changer la donne.
Tel est le point de départ de My Cousin Rachel, drame romantique surprenant. Tourné au Royaume-Uni et en Italie, le nouveau film du réalisateur de Coup de foudre à Notting Hill lui permet d'explorer pleinement la complexité du sentiment amoureux. Un exercice pour lequel il est certes rôdé mais qui ne pouvait être magnifié ici que par lui. Amis et ennemis à la fois, Philip et Rachel intéressent tout autant lorsqu'ils sont amants. Des amants maudits certes, mais des amants tout de même.
Pensé comme une plongée vertigineuse au cœur des relations familiales codifiées du 19e siècle, My Cousin Rachel est également l'occasion pour Roger Michell de multiplier les scènes ambigües et susciter la gêne chez le spectateur. Perdu entre les sentiments naissants de Philip et les confessions d'Ambroise, ce dernier tente de comprendre : Rachel a-t-elle tué la seule famille qu'il restait à Philip ? Et si oui, Philip devrait-il commencer à s'inquiéter ?
Outre la personnalité ambivalente des deux protagonistes, My Cousin Rachel est le lieu de remises en question. Si le spectateur est indécis à la fin, c'est parce que le 12e long-métrage de Roger Michell le met face à ses a priori. Une femme peut-elle être aussi malchanceuse que ne l'est Rachel ? Cette veuve serait-elle purement et simplement assoiffée d'argent ? D'où viennent toutes ces hallucinations ? Autant de questions que le scénario pose et auxquelles il ne répond pas nécessairement, laissant à chacun la possibilité d'imaginer sa version des faits. Car entre les lignes, le roman de Daphne Du Maurier dresse le portrait d'une société patriarcale où les femmes célibataires mais fortunées sont synonyme de danger - pour les hommes.
Outlander rencontre Fifty Shades
Techniquement, My Cousin Rachel s'approche dangereusement de la perfection. Quand il ne sublime pas les corps de ses deux acteurs principaux, Roger Michell les rend, grâce à son chef-op Mike Eley plus humains et fragiles qu'ils ne l'ont jamais été auparavant. Que ce soit dans les châteaux anglais, les plaines de Cornouailles ou les rues d'Italie, Rachel Weisz et Sam Claflin rayonnent. Le second un peu plus tant il semble candide au premier abord - et dans les deux tiers du film. De son côté, Rachel Weisz en Rachel fascine. Aussi crédible en mante religieuse mystique qu'en veuve ultra sensible, celle que l'on avait déjà adorée dans Agora et Un jour, peut-être transforme rapidement ce drame romantique en un excellent thriller d'époque.
Si la musique n'est pas le point fort de My Cousin Rachel, celle-ci apporte tout de même une touche dramatique nécessaire et fort appréciable. Mais là où le film impressionne vraiment, c'est au niveau de sa mise en scène et de sa lumière. Rarement un film en costumes n'a paru aussi moderne. Si tous les acteurs étaient aussi bien cadrés qu'ici, les drames historiques auraient davantage la côte. Sensuel et hypnotique, My Cousin Rachel oscille constamment entre deux univers, celui du period drama fantastique de Starz Outlander et celui de la saga faussement subversive Fifty Shades.
Porté par des acteurs charismatiques et doués, My Cousin Rachel, grâce à une conclusion frustrante et satisfaisante sur certains points, offre à Roger Michell la possibilité de signer un drame rafraîchissant et atemporel.
wyzman
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