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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Valérian et la Cité des mille planètes
France / 2017
26.07.2017
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SPACE (TRONCHES DE) CAKES
«- Tu seras la seule sur ma Playlist. »
Valérian et la Cité des mille planètes n’est rien d’autre qu’un film d’aventures dans l’espace adapté d’une série BD populaire. On peut le voir sous différents prismes : une romance ado niaise, un mix de films SF déjà vus, ou, plus positif, un épatant travail technique non hollywoodien.
Il y a une chose qu’on ne peut pas retirer à Luc Besson, c’est son ambition. 1500 Français embauchés pour son délire kitsch et coloré, au service d’un film coûteux qui, niveau effets visuels, démontre un savoir-faire indéniable en la matière. Le résultat de ce côté-là n’est pas honteux.
Evidemment, la recette de ce mix français est aussi improbable que les recettes mondiales en euros. Fallait-il s’attendre à autre chose de la part d’un cinéaste dont les scénarios, régulièrement, nous anéantissent par leur candeur, quand ils ne détruisent pas la bonne idée de départ avec des fins gâchées ?
Avatar Wars
Le cinéaste retrouve donc son genre le plus payant à l’international : la science-fiction. Cette fois-ci, il ne propose ni une vision parodique et cartoon de Blade Runner (Le cinquième élément), ni un thriller - version manga - sans personnalité (Lucy), mais une bonne grosse bouillabaisse qui pioche dans ses propres films, Star Wars, Avatar, Blade Runner (again), Total Recall & co, le tout démarrant avec un hommage à David Bowie et s’achevant comme un James Bond.
Ce manque d’originalité visuelle empêche d’entrée le spectateur d’être épaté. Ce déjà vu – décors, aliens, action – qui s’ajoute à une intrigue éculée (l’ennemi est à l’intérieur) ne permettent pas d’être captivés. Au mieux, on se dit que « c’est du bon ouvrage ». A défaut de rythme, tout s’enchaîne très vite (parfois trop) pour ne pas nous ennuyer, même si ça n’évite pas, rapidement, une forme de désintérêt.
Ados à dos
Car, hélas, ce Valérian souffre de sacrés bugs qui le conduisent, peut-être pas au crash, mais à la mise hors-service. La liste est longue. Besson, éternel « adulescent », vise clairement un public adolescent, ceux qui remplissent les multiplexes. De là à choisir deux acteurs trop jeunes… Comment un réalisateur si expérimenté, qui a su révéler Natalie Portman et Milla Jovovich, transformer Anne Parillaud et diriger Scarlett Johansson, a-t-il pu se laisser convaincre/séduire par Cara Delevingne, aussi peu expressive ? Quant à Dane DeHaan, qui à 31 ans en paraît 15 de moins, avec des cernes aux yeux d’un quadra au bord du burn-out, il fait si jeune et si sage qu’il est peu crédible en « bad boy » à la Bruce Willis, ayant niqué tout le cosmos tant il a une gueule de puceau.
Reconnaissons qu’ils n’ont pas grand chose à jouer. Au milieu d’une narration très didactique, les dialogues sont très basiques, pour ne pas dire niais, et la psychologie des personnages est très binaire. Deux stéréotypes parmi toutes les caricatures qui peuplent ce film. Leur romance, très prude (il faut que le film soit tous publics), est digne d’un épisode d’Hélène et les garçons, étiré sur deux heures quinze. Bref, ça ne remplit pas le vide.
Bien sûr, on peut sauver la séquence de Rihanna, qui, dans les pas de Maïwenn (Le Cinquième élément) apporte une émotion et un peu de tragédie à l’ensemble. Mais on peut aussi rire quand, vers l’épilogue, Valérian affirme qu’il est un soldat obéissant aux règles, après en avoir enfreint une dizaine pour accomplir sa mission.
Filmé avec un Joy Stick
Pour le reste, les tableaux se suivent avec un certain (mauvais) goût pour le kitsch. La planète Mül, à l’origine de tout ce bordel, est une sorte de carte postale d’un paradis (artificiel) issue d’un jeu vidéo des années 1990.
Luc Besson a beau vouloir tourner sa caméra dans tous les sens pour imposer du mouvement, on a plus l’impression qu’il est aux manettes d’un « game » sur console. Valérian est aussi spectaculaire que creux. Finalement, le réalisateur ne sait pas sortir de sa mise en scène de bande dessinée (alternant les genres, de la fresque historique au polar). On peut même pousser le skyjet un peu plus loin : Valérian est un film d’animation non assumé. Les premiers plans sur Mül semblent trop factices pour être « en prises de vues réelles ». On est plus proche d’Arthur et les Minimoys que de Ghost in the Shell (version cinéma).
Le film ne se détache pas de son matériau d’origine, la bande dessinée. On suit des yeux les cases, sans qu’elles soient incarnées, habitées, sans que l’histoire ne soit dramatisée, complexifiée. On se désole de voir tant d’argent et de talents dépensés pour une œuvre aussi vaine.
Burger King
Il ne s’agit pas de critiquer le divertissement recherché. D’autant que le sous-texte du pitch (les survivants d’un peuple génocidé qui cherchent à retrouver une terre promise) est actuel et bienveillant. Mais Luc Besson, vraie tête de Mül, devrait sans doute confier ses scénarios à d’autres que lui. Il y manque toujours une profondeur qui affaiblit voire anéantit ses efforts.
Le bling-bling de cette aventure, la culture seventies et eighties dans ses références (y compris musicales), les couleurs et univers provenant des effets de drogues hallucinogènes, bloquent toute émancipation. Valérian n’est alors qu’un dérivé de productions (cinéma, bande dessinée) passées. Un hamburger de fast-food sans saveur, sans doute trop gras, trop sucré. Un truc qu’on peut bouffer, par faim ou par asservissement au marketing, quant on est en pleine croissance. Bref quand on a 20 ans et qu’on se prend pour un Major.
vincy
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