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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Mort à Sarajevo
France / 2016
23.08.2017
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AUTEL EUROPE
Très remarqué à Berlin où il a reçu le Grand Prix en 2016 (le 2e pour Danis Tanovic après La femme du ferrailleur en 2013), l'étonnant Mort à Sarajevo sort enfin sur nos écrans, et semble malheureusement toujours autant d'actualité que l'an passé, si ce n'est plus.
Il s'agit en effet d'un pamphlet politique malin, mais sincère, articulé autour de trois intrigues parallèles : le tournage d'une émission historique sur l'héritage laissé par Gavrilo Prinzip, l'assassin de l'archiduc Franz Ferdinand en 1914, connu pour avoir précipité le monde dans la première guerre mondiale ; les coulisses d'un grand hôtel qui part à vau l'eau pour cause de crise économique, et la répétition par un comédien de la pièce Hôtel Europe de Bernard-Henri Lévy sur la guerre d'ex-Yougoslavie et l'échec de l'Europe face aux horreurs commises à l'époque, et à l'occasion de chaque conflit depuis.
Constat politique et social
Danis Tanovic propose ainsi un film une nouvelle fois très ancré dans la réalité sociale, économique et politique du pays, et qui pourtant n'hésite pas à se moquer de lui-même. Il pose également un certain nombre de questions brûlantes sur l'échec de la diplomatie européenne face aux conflits majeurs des 50 dernières années, cette "Europe qui meurt dans tous les Sarajevo d'aujourd'hui" évoquant évidemment l'inextricable situation syrienne.
La séquence d'explication entre la journaliste bosniaque et l'héritier (serbe) de Prinzip, qui interprètent chacun à leur manière l'héritage du passé et se rejettent mutuellement la faute des génocides commis pendant la guerre, est à la fois fascinante et d'une extrême violence symbolique. On entrevoit dans ce long échange le nœud gordien de la Bosnie-Herzégovine actuelle, toujours déchirée par les traumatismes enfouis du passé auxquels se mêlent les difficultés économiques et sociales. Cet amer constat, doublé de choix formels singuliers et forts, en font une œuvre atypique, parfois exigeante, mais non dénuée d'humour, voire d'une once de suspense, qui le rend plus facile d'accès qu'on ne le croirait au premier abord.
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