|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Le chemin
France / 2017
06.09.2017
|
|
|
|
|
|
PAS DE DEUX À DISTANCE
« - Mais ici les morts...
- ... sont encore vivants. »
Jeanne Labrune revient au drame, après cinq films « fantaisistes ». Le chemin est une errance et une rencontre. L’errance spirituelle de deux individus qui se croisent au milieu de la jungle cambodgienne hantée par les fantômes des victimes des Khmers rouges. C’est aussi la rencontre avec la mort et avec un pays. On l’aura compris : Le chemin est celui qui peut mener à Dieu, à la guerre, à l’autre, à soi. C’est le chemin du souvenir et le chemin des morts.
Mais cette abondance de métaphore dilue le récit dans un lent périple peu palpitant et invertébré. Au moment de croiser leurs chemins, la jeune française qui n’arrive pas à se soumettre à l’autorité et à Dieu et le beau cambodgien qui ne parvient pas à affronter la cruelle vérité de son existence, le spectateur peut s’attendre à un choc des cultures, à une tentation charnelle, à un dialogue humain. Toutes les pistes sont amorcées, aucune ne se concrétise vraiment.
Tout est un peu naïf, simpliste. L’onirisme a des airs de déjà-vu. L’ensemble est assez maladroit, parfois risible même. A trop vouloir faire un « film asiatique », influencé par les cinéastes thaïlandais ou vietnamiens, Jeanne Labrune se perd dans de longues séquences sans explications et sans réelle signification.
Cette rupture dans la filmographie de la réalisatrice est aussi formelle. Elle se laisse aller à filmer la nature désordonnée, des paysages à la lumière saturée, des temples en ruines, des visages en plans fixes.
Tout cela étire un synopsis un peu fin. Et après une heure de trente de promenade, cela paraît même un peu vain puisque les deux personnages sont laissés à leur destin. « La souffrance se cache derrière le sourire ». Las, ni sourire, ni souffrance, ce chemin de croix s’achève en points de suspension sans qu’on ne se sente jamais concerné par les atermoiements de chacun.
vincy
|
|
|