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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le château de verre (The Glass Castle)
USA / 2017
27.09.2017
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EN VERRE ET CONTRE TOUS
Une histoire vraie racontée dans un best-seller. On imagine bien les producteurs ravis de mettre en image l’enfance marginale de Jeannette Walls et ses répercussions sur sa vie d’adultes, entre névroses et conflits intérieurs. Le château de verre est la maison idéale qu’imaginait et dessinait sans cesse son père, égoïste, charismatique, généreux, alcoolique, irréaliste. Une utopie familiale dans laquelle il embarqué ses trois filles et son fils, avec la complicité d’une mère, partagée entre ses pulsions artistiques et individualistes et son rôle maternel (par intermittence).
Mais le film est à l’image de ce château de verre. Un idéal qui ne sera jamais concrétisé. La faute à un scénario bien trop sage, bien trop didactique. Tout est appuyé, souligné, montré du doigt pour que le spectateur ne manque aucune intention, aucune signification. Les images ne font qu’illustrer. Il faut tout le talent des comédiens, Woody Harrelson en tête, pour habiter cet album d’images sans relief. Cette œuvre lisse et classique s’enlise et s’étire avec une construction un peu lourde entre flash-backs dans l’enfance, à l’écart de la civilisation et des normes de la société, et l’âge adulte, où le prix payé de cette éducation singulière semble élevé.
Dans le même genre, on préfèrera toujours le plus fantasque et plus poétique Captain Fantastic. Ici, les séquences sont inégales, plus ou moins dramatiques ou/et captivantes. Il y a aussi un malentendu : on est basculés en permanence entre le portrait d’une famille « alternative » (peut-on vivre loin de la tyrannie de la société de consommation, du capitalisme, de l’éducation de masse ?) et celui d’une jeune femme qui a du s’en affranchir, s’en échapper même et se (re)construire. A ne jamais choisir, Le château de verre branle sur ses fondations.
Entre brûlures individuelles et faillite collective, ce drame ne tient finalement que sur le choix final de son héroïne : abandonner son passé ou se réconcilier avec. On comprend tardivement cet enjeu dramatique. Entre temps, le spectateur s’est laissé balloter au gré des événements, qui laissent un peu indifférent.
Plein de ses bons sentiments, Le château de verre n’ose rien : ni la noirceur psychologique, ni la fantaisie des souvenirs. Si bien que l’émotion n’est jamais là. Un paradoxe total face à une histoire qui aurait pu nous bouleverser, ou au moins, nous interpeller.
vincy
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