Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 26

 
Confident royal (Victoria and Abdul)


Royaume Uni / 2017

04.10.2017
 



INDE GALANTE





« Il est impératif que le colon royal reçoive des fibres. »

La royauté britannique fascine cinéma et télévision. Après Elisabeth II dans The Queen, et ses relations avec Tony Blair, Stephen Frears se penche sur Victoria dans Confident Royal, et son étrange liaison amicale avec Abdul Karim. Affaires de contrastes dans les deux cas. Au-delà du décorum royal, le cinéaste se passionne à la fois pour les codes et convenances d’un microcosme élitiste et la tentation d’une reine (les deux plus longs règnes de l’histoire britannique by the way) de s’affranchir de la pression (populaire ou courtisanne).

Confident royal pourrait être un film biographique, un mélo dramatique, une œuvre politique. Ce « pudding » renoue pourtant avec la tradition du cinéma britannique : un film historique, joyeux et drôle, social et touchant.

Le cinéaste ne s’embarrasse pas d’une vérité historique. Aucune date précise. Peu de contexte politique. Par-delà les ellipses temporelles, il se focalise sur cette relation « baroque » (pour l’époque), sans alourdir le récit de repères chronologiques. Ce qui l’intéresse est ailleurs.

The Crown

D’abord il y a Victoria. C’est la deuxième fois que Judi Dench incarne la reine. 20 ans après La Dame de Windsor, où elle tombait amoureuse d’un palefrenier écossais, John Brown, autre liaison scandaleuse de cette reine pas comme les autres, elle reprend la couronne avec une jubilation non feinte. Lady gaga, petite vieille vorace, solitaire, lucide, autoritaire, acariâtre, ronfleuse, constipée, gourmande, fatiguée, proche de la sénilité… Elle reprend goût à la vie au contact d’un serviteur indien qui va la rajeunir, lui apprendre le Ourdou et lui ouvrir les yeux sur une culture qu’elle domine sans jamais l’avoir vue, celle des Indes. Son personnage compose ainsi toutes les nuances du scénario, de la dérision à la mélancolie, de la puissance à la vulnérabilité.

Paradoxalement, Abdul , pourtant fil conducteur de l’intrigue, est moins central. Il joue les révélateurs, les observateurs, les miroirs d’une société britannique oppressée et oppressive et d’une reine apathique qui ne cherche qu’à rompre sa routine barbante. Le corps et le cœur de la reine reprennent vie au contact de cet Autre, parabole humaniste magnifique (sans doute édulcorée et romancée).

House of Cards

Ensuite, il y a la cour et ses pantins assoiffés de lumière et de pouvoir, prêts à tout pour leurs privilèges. Victoria illumine, ils restent dans l’ombre, se complaisant dans un certain obscurantisme. Ce sont eux qui sont à l’origine des ponctuations dramatiques du film, qui créent les complots et les bassesses, qui amènent finalement une forme de suspens. Mais à les voir, ridicules et absurdes, ils contribuent aussi à l’aspect satirique de Confident royal.

Enfin, il y a le sous-texte du film. Car si sa mise en scène est appliquée sans être transcendante, efficace sans être imaginative ou audacieuse, Frears trouve là un sujet contemporain passionnant, où s’entremêlent le mépris de classe, le racisme et l’islamophobie (« Ils sont partout»), l’ouverture aux autres et l’éducation, la tolérance et l’insécurité culturelle. Ce n’est jamais abordé avec gravité. Mais cette histoire d’un autre temps fait largement écho au nôtre.

Les dialogues « politiquement incorrects », le burlesque de certaines situations donnent ainsi du relief à un film qui aurait pu être consensuel et même conformiste, baigné dans l’apparence opulente et les convenances polissées de la vie royale. On peut alors y voir une belle histoire d’amitié ou une critique virulente sur les affres du pouvoir. L’intérêt de Confident royal est à la fois de sublimer un rapport humain « contre nature » et de mettre en lumière la mesquinerie des Hommes.
 
vincy

 
 
 
 

haut