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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Zombillénium
France / 2017
18.10.2017
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SATAN M’HABITE
La transposition d’une bande dessinée « décalée » en film d’animation ciblant plutôt les ados que les enfants ou les adultes est un exercice forcément délicat. Arthur de Pins, également auteur de la trilogie graphique, et Alexis Ducord, ont en partie réussi à animer les cases de Zombillénium.
Avouons que l’idée de la BD est bonne et fournit un bon pitch pour un film : zombies, vampires, démons, loup-garou et autres monstres mutants ou pas vraiment morts sont rassemblés dans un parc d’attraction d’une région industrielle en déclin. Ghetto ludique, dont l’actionnaire est Satan en personne, ce Zombillénium souffre d’une fréquentation en baisse, que seuls les Vampires parviennent à juguler grâce à leur sex-appeal (et la mode Twilight).
En version cinéma, cela donne un film plus sage qu’en apparence. Malgré la musique tonitruante et saturée de guitare, un dessin plus proche du comics que de la BD francophone et un scénario qui alterne de façon très hollywoodienne explications, « émotions » et actions, Zombillénium ne transgresse rien. Notamment parce que le film ne s’autorise pas à sortir de son récit originel publié il y a sept ans.
Il manque un regard cinématographique. C’est à dire autre chose que l’histoire qu’on nous raconte : des références, une double lecture, un angle subversif ou satirique. Le film d’animation reste coller au pitch de la BD, sans le transcender.
Cela ne retire rien à l’efficacité et la technicité du film. Il y a un plaisir certain à voir Zombillénium grâce à une histoire originale et un divertissement maîtrisé. Mais on est plus proche d’un manège (dés)enchanté que d’un grand huit sensationnel. Les personnages, souvent trop binaires, les rebondissements qu’on anticipe mécaniquement, et la tonalité plutôt plate, jamais sauvée par les effets visuels, empêchent le film de muer pleinement.
Finalement, on est juste « mordu » par Gretchen, dont les sentiments sont les plus évolutifs. La véritable héroïne est une stagiaire tatouée qui n’a pas froid aux yeux. C’est elle qui est la plus attachante au milieu de ces rivalités viriles entre un vampire narcissique et un loup-garou bodybuildé. C’est peut-être là que le film trouve sa vitalité.
vincy
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