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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'assemblée
France / 2017
18.10.2017
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PRÉAVIS DE RÊVE
« Ils nous veulent soumis, courbés. »
Nous voici immergés dans « Nuit debout ». Que voit-on ? Des gens assis, attentifs le plus souvent, des journées fraiches, la place de la République, de nombreuses prises de paroles. Bref rien qui ne distinguerait le film d’un reportage journalistique à la télévision. Et pourtant. Il s’agit bien d’une immersion. Sans voix off distanciée La parole est hétérogène, multiple, tantôt pédagogique, tantôt révoltée, ou même politique.
Sélectionné à l'Acid de Cannes, L’Assemblée est une « synthèse » d’une société. Un regard neutre sur un événement qui a déclenché des prises de conscience, suscité l’intérêt, ou laissé indifférent, selon qu’on soit engagé, inquiet ou indifférent à la marche du monde.
En filmant à la fois la construction du mouvement, notamment ses coulisses, la fabrication de ses règles, les difficultés à maintenir la mobilisation, et en laissant la parole sans la commenter ou la critiquer aux acteurs de ce même mouvement, Mariana Otero restitue un moment de cinéma du réel brut. Cette assemblée constituée, à défaut d’avoir été constituante pour certains, est civique et civilisée, malgré l’aspect bordélique ambiant. Bien sûr, on y croise quelques guests en introduction. Ruffin, Lordon, Pinçon-Charlot, … Ils sont vite évacués au profit des anonymes.
En procédant ainsi, la réalisatrice obtient une première victoire : les sceptiques et les critiques, à l’égard de Nuit Debout, ne sont pas exclus de cette exploration sociologique. Pour peu qu’on soit curieux ou intrigués, chacun y trouvera son angle de vue.
«Comment un mouvement sans direction se trouve un directeur ? »
D’autant que le mouvement est lucide et fait son autocritique lui-même et pointe ses propres contradictions. Les ambitions politiques des uns versus le besoin de discussion des autres. Ce forum citoyen montre vite qu’il n’a rien d’un élan révolutionnaire même si certains aspirent à cette finalité. Il s’agit avant tout d’une résistance à un système, qui commence par la manière d’être démocrate. « Il faut du débat,. Donc pas de vote » clame un participant. Personne n’est dupe : « Du vote ne naît pas comme par magie l’équipe qui va faire le truc.»
Succession de déconvenues et de désaccords, les germes de l’échec sont rapidement visibles. Les racines de l’insoumission aussi. C’est d’ailleurs dans ce frottement entre deux mouvements (l’hétérogénéité des opinions et la fédération d’un collectif, unit par un dénominateur commun) que L’Assemblée se révèle le plus juste, ne masquant ni l’idéalisme, rassurant, ni la confusion et la désorganisation, agaçantes.
Les racines de la discordes et le déploiement de la parole ne font finalement qu’un. Sur cette place à palabres, qui reprend les codes des assemblées de mouvements associatifs et alternatifs nés il y a trente ans, on voit vite les limites de « l’exercice », notamment sa concrétisation dans le cadre politique actuel. D’ailleurs, on remarque moins l’impact culturel, sociétal, individuel.
Désir d'avenir
Autogestion, circuits courts, nouvelle constitution, modèle coopératif, revenu universel, économie circulaire, environnement : tout y est traité. Les enjeux de demain sont bien présents. Pourtant, la place de la République se vide progressivement, atteinte par la lassitude de ses « occupants » ou par le découragement, l’impuissance face à la réalité, aux médias, au « pragmatisme » régnant.
Action, coopération, communication : « Nuit Debout » pose les bonnes questions et tente une autre approche de la société. Les divergences comme les objectifs, le « système » comme les impliqués ont eu raison de son existence. Peut-être qu’il ne s’agit que d’une immense thérapie de groupe face à plusieurs angoisses : globalisation, état d’urgence, terrorisme, menaces environnementales, déficit de représentativité…
Peut-être qu’il faut laisser du temps au temps. Qu’un arbre ne grandit pas en un printemps. Peut-être que « Nuit Debout » a péché en se voulant apolitique à la base et en rêvant de destins nationaux au sommet.
Peu importe. L’Assemblée révèle bien le besoin de parler, d’échanger. La forme de « Nuit debout » a vécu le temps d’une saison. Ses fondamentaux sont plus durables. L’envie de transformer la citer, de redonner confiance au citoyen se devinent, même si Mariana Otero ne cache rien de l’étiolement du mouvement, de la remise en question du cadre, de la défaite politique annoncée.
C’est une expérimentation filmée à hauteur de trottoir et d’hommes. En attendant que la formule chimique réussisse dans ce laboratoire populaire et bobo, le film a le mérite de laisser un peu de place à la République (Res Publica), loin des quartiers chics.
vincy
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