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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Tout nous sépare
France / 2017
08.11.2017
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LUTTE FINALE
Tout nous sépare de ce film. Ou presque. Après Bonne pomme, Catherine Deneuve se fourvoie une nouvelle fois. Pas plus la comédie de Florence Quentin que ce thriller influencé par le polar frenchy des seventies de Thierry Klifa ne méritent l’actrice. Car, si on y ajoute Sage femme de Martin Provost, le plus « réussi » de ses trois sorties de l’année, la Deneuve parvient à sauver les films en régnant sans partage sur ses scènes.
Tout nous sépare appuie trop lourdement sur chacun de ses messages. Binaire, pour ne pas dire simpliste, le récit oppose deux classes sociales, deux modes de vie, la mère et la fille, deux générations, la femme et l’homme, etc… N’en jetons plus. À voir le monde en noir et blanc, on en oublie les zones grises où se noient les plus beaux polars sociaux.
Dès le départ, l’histoire ne prend pas. N’intéresse pas. Le seul mobile de ce crime serait le duo Deneuve/Nekfeu, inédit et singulier. Duvauchelle est caricatural. Kruger inexistante. L’ensemble est à peine réaliste et toujours bancal. Pire, le drame annoncé sombre dans la caricature excessive, comme un mauvais Polanski (rappelez-vous La Neuvième Porte) ou un téléfilm de samedi après midi. L’abondance de clichés produit un sentiment de gêne, et des rires involontaires. Klifa est comme Christine Angot quand elle découvre la banlieue et la sodomie avec Doc Gyneco.
Malgré ce manque d’originalité, des audaces ratées (le personnage de Kruger par exemple, sexuel et autodestructeur) et des maladresses ostensibles, notamment le sentiment de culpabilité qu’il veut nous infliger, Tout nous sépare, peu crédible, s’illumine avec la présence de Deneuve et dans une moindre mesure avec celle de Nekfeu.
L’actrice continue d’explorer son personnage de bourgeoise pas très nette et dominatrice. Plutôt beau gosse, Nekfeu lui apporte, tel un miroir, jeunesse et fraîcheur. On s’attendait à une histoire tendue entre une mère et sa fille, entre interdépendance et défiance. On en conclut que c’est davantage l'histoire d'une "liaison" entre une veuve et un jeune homme qui pourrait être son fils. Dans ce film factice, où tout nous sépare de cette histoire, on avoue être touché et « relié » à ce couple improbable qui donne à ce polar un aspect romanesque bienvenu.
vincy
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