|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Le bonhomme de neige (The Snowman)
USA / 2017
29.11.2017
|
|
|
|
|
|
COLD CASE / CASE CLOSED
« Désolé qu’à Oslo la criminalité soit si basse. »
Tomas Alfredson est assurément un cinéaste efficace, qui sait s’adapter à son sujet. Après les succès de Morse et de La Taupe (six ans déjà), il revient en transposant un best-seller de la littérature policière / nordique de Jo Nesbo, écrit pour le cinéma par Hossein Amini (auteur de Drive notamment). L’ensemble est coproduit par Martin Scorsese (qui voulait à un moment donné réaliser le film) et monté par la monteuse de Scorsese, la légendaire Thelma Schoonmaker.
Autant dire que c’est une production de luxe (musique de Marco Beltrami, casting international haut de gamme, décors norvégiens sublimes) pour un polar a priori convenu.
D’emblée, dès la première scène, on est en terrain glissant : l’atmosphère est tendue, brutale, légèrement sadique. Un « oncle » flic, plutôt salaud, qui abuse d’une mère dépressive, plutôt soumise, devant les yeux d’un gamin sous pression et impuissant. Cela se termine mal.
On imagine bien que le gosse va développer une névrose dont les psychiatres se régleraient. Des années plus tard (les Volvo ont changé), un serial killer sévit dans une Norvège paisible : les victimes sont de mauvaises mères (avortement, divorce, etc…). Elles sont tuées dans des circonstances horribles (décapitation, démembrement, etc…).
L’inspecteur Harry Hole est un flic solitaire, alcoolisé, à l’écart du monde et de ses collègues. Il vit mal la séparation avec son ex (Charlotte Gainsbourg), tout en assumant qu’il est incapable d’être en couple (et encore plus d’être père). On lui adjoint une flic opiniâtre et moderne (Rebecca Ferguson), lui qui ne comprend pas grands chose aux nouvelles technologies. Tout le monde est assez abîmé par la vie et par son métier dans ce récit.
Déjà vu
De fil en aiguille, le tueur en série qui laisse de drôles de bonhommes de neige sur son passage intrigue l’enquêteur légendaire, entre deux rasades de vodka et crises d’insomnie. Incarné sans fausse note par Michael Fassbender (qui une fois de plus en profite pour s’exhiber en boxer), l’inspecteur a un côté Colombo, discret, qui ne paye pas de mine et qui pose toujours les bonnes questions.
Si certains éléments sont anticipés par le spectateur, qui a, parfois un temps d’avance sur les enquêteurs, le scénario a comme atout de ne dévoiler l’identité du tueur (insoupçonnable qui plus est) que dans les dernières vingt minutes. C’est là que l’efficacité de Tomas Alfredson s’avère utile. Par quelques petites touches discrètes, il a su installer son final tout au long du film, avec de fausses pistes, de vrais indices qu’on ne remarque pas forcément, une histoire parallèle qui perturbe le cheminement logique de l’investigation. Il faut attendre l’épilogue pour que toutes les pièces du puzzle soient rassemblées, et bouclent la bouclent avec le prologue.
Un jeu de piste macabre avec un garçon bien dérangé. Si Le bonhomme de neige manque de relief et de profondeur pour se singulariser d’autres films du genre (on pense à Insomnia de Christopher Nolan, bien plus fascinant). D’autant que la conclusion d’homme à homme, à la fois confuse et expédiée, empêche le dénouement de prendre une ampleur ou un sens particulier. La justice se résume toujours au vilain qui doit mourir et non pas être trainé devant les tribunaux. Une facilité qui banalise ce thriller pourtant chic et bien foutu.
vincy
|
|
|