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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Coco
USA / 2017
29.11.2017
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TOUS EN SCÈNE
« On lui dit ou pas qu’il n y a pas de petits coins dans le monde des ancêtres ? »
Le Pixar annuel ou Disney des fêtes va réchauffer les hivers. Et se singularise avec une histoire qui emprunte autant aux comédies macabres de Tim Burton – Beetlejuice et L’étrange Noël de Monsieur Jack – qu’aux mélos sirupeux et pleins de grands sentiments des années 1950.
Coco est fabuleusement coloré, parfois outrancièrement, mélangeant morts et vivants, et surtout différentes influences picturales : le réalisme de Frida Kahlo, le muralisme social de Diego Riviera, l’urbanisme industriel de l’ère Jules Verne, la mythologie aztèque et les Codex mésoaméricains, etc…
Cela lui donne un air baroque et bariolé, des allures de film fantastique qui vire parfois au queer. Dans cette ambiance Halloween, au gré des malédictions des personnages principaux (un gamin normal, un chien bête, un défunt misérable, une grand mère autoritaire…).
On peut au moins souligner l’originalité réelle de Coco dans l’univers Pixa. Si le scénario est très classique, le sujet, le cadre et la direction artistique détonnent. Chez Disney, on aurait quelques références. Mais pour Pixar, Coco est un intrus parmi les jouets, monstres, poissons, super-héros, voitures, robots, cerveau. Il a un vague cousinage avec Là-haut et Rebelle. Le rapprochement s’arrête là.
Le film porte évidemment deux messages : la force inaltérable de la famille et la vitalité inaliénable de la musique (et des arts en général). Une famille qui se déchire depuis quatre générations et une musique bannie depuis. La morale sera évidemment simpliste, une histoire de réconciliations : familiale et musicale.
Rendons grâce à la production de nous avoir éviter des airs symphoniques. Ici, on est plus proche du blues mexicain, de la bluette romantique, de la chansonnette a capella qui rentre dans les têtes.
On peut regretter que les auteurs n’aient pas osé aller plus loin dans la description des inégalités sociales (y compris au Royaume des morts) et de l’arrivisme cynique. Si le film déroule de manière convenue son histoire, entre squelettes, saltimbanques et matriarcat, il faut attendre le dernier tiers de Coco pour être réellement happés.
Dès la rencontre entre Miguel, le gamin qui veut devenir musicien, et Ernesto de la Cruz, la star défunte à cause d’une cloche géante, tout s’accélère : flash-backs qui donnent de la profondeur aux personnages et rebondissements et actions qui donnent du rythme au séquences. La trahison (du genre mortelle), ingrédient rare chez Disney, apporte une dose de piment à un final qui a été plagié (un comble vu l’histoire) sur celui d’Hairspray.
Mais rien ne manque pour le feu d’artifice conclusif : ni l’émotion, ni le happy end, ni les bons sentiments. Il faut dire que ce voyage chez les Morts (sympathiques et festifs) donne goût à la vie. Et rappelons-le : on n’en a qu’une.
vincy
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