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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La Promesse (The Promise)
USA / 2015
29.11.2017
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LIAISONS DANGEREUSES
"Ensemble, nous construirons un avenir."
Présenté au festival international du film de Toronto en 2016, La Promesse est un drame historique passionné et passionnant, habité par de grands acteurs. Explications.
Guerre en approche
En 1914, la Grande Guerre menace d'éclater tandis que s'effondre l'Empire ottoman. A Constantinople, Mikael, un jeune étudiant arménien en médecine et Chris, photoreporter américain, se disputent les faveurs de la belle Ana. Tandis que l'Empire s'en prend violemment aux minorités ethniques sur son territoire, ils doivent unir leurs forces pour tenir une seule promesse : survivre et témoigner.
Drame historique certes, La Promesse est avant tout un mélodrame dans lequel trois personnages sont amenés à se croiser à plusieurs reprises, cherchant parfois à s'éviter mais en vain. Ironiquement, le film de Terry George débute alors que Mikael (Oscar Isaac) accepte d'épouser Maral (Angela Sarafyan), lui faisant la promesse de revenir après avoir accepté la dote de son père qui va lui permettre d'aller faire ses études de médecine. Mais comme on peut s'en douter, c'est bien sa rencontre avec Ana (Charlotte Le Bon) qui va bouleverser sa vie.
Belle, réfléchie et extravertie, Ana lui fait découvrir un nouveau monde, plus occidental, plus libre, dans lequel il s'imagine construire quelque chose - à ses côtés. Malheureusement, la présence de Chris (Christian Bale) dans la vie d'Ana demeure un frein. Faits pour être ensemble sur le papier, ces deux personnages ne prennent véritablement d'ampleur qu'en présence de Mikael. Et inversement, Mikael semble moins dense et complexe quand il est loin d'eux deux.
Cependant, la Grande guerre qui se trame et l'extermination des Arméniens de Constantinople vient perturber la lutte que les deux hommes s'apprêtaient à livrer pour remporter le cœur de la belle. Deux éléments qui vont apporter leur lot de drame, tensions et séquences musclées. Et c'est au niveau de ce grand jeu d'équilibriste que Terry George brille ici.
Romance et bromance
Si certains événements du génocide arménien ont été stylisés (et parfois surécrits) pour modifier la dynamique du film, La Promesse impressionne par la finesse du jeu de ses acteurs. Loin d'être le personnage auquel on tient au premier abord, Christian Bale parvient à faire de Chris, le photoreporter, non pas un héros de guerre mais un homme brave et inspirant. A côté, Charlotte Le Bon réussit l'exploit de ne pas simplement incarner l'objet des désirs de deux hommes mais bien une héroïne moderne, courageuse.
Quant à Oscar Isaac, véritable star du film, il offre à ce dernier des séquences terrifiantes et des plans qui confirment son statut de grand acteur. On pense notamment au passage où son personnage retrouve le corps de ses proches assassinés et où la caméra de Terry George ne parvient pas à distancier une douleur contagieuse. Amis et ennemis à la fois, Mikael et Chris forment un magnifique duo que l'on aimerait bien revoir dans un autre projet. Le talent des deux acteurs est indéniable et La Promesse laisse apparaître une alchimie presque évidente.
Parce que le film est principalement centré sur la romance entre Mikael et Ana, la dernière séquence laisse songeur. Lançant un pavé dans la mare, La Promesse suggère que face à l'horreur de la guerre et des génocides, seuls l'amour et la compassion pourraient aider les populations traquées. Certains plans et décors feront sans doute tiquer les esthètes parmi nous mais l'ensemble se tient car le message de La Promesse prévaut sur ses qualités techniques.
Entre grands moments de bravoure et de romance, La Promesse revient ainsi sur un épisode de l'histoire ottomane que l'on a aujourd'hui encore trop tendance à vouloir ignorer. Sensible et beau, le film de Terry George apparaît alors comme nécessaire et important puisqu'il parvient à évoquer ce drame sans sembler partial ou moralisateur. Une réussite certaine !
wyzman
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