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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Centaure
/ 2017
31.01.2018
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DES CHEVAUX ET DES HOMMES
"On devrait avoir honte de dire que les chevaux sont les ailes de l'homme. On les a perdues, et nos âmes avec."
Dans son nouveau film, Aktan Arym Kubat (Le voleur de lumière, Le fils adoptif) raconte la vie d’un village kirghize où se devine en filigrane la cohabitation d’une certaine modernité avec les traditions du passé. En cette période de transition, Centaure, ancien projectionniste qui ne cesse de raconter à son fils la légende d’une époque où l’homme et le cheval ne faisaient qu’un, a quelque chose de joliment décalé. C’est le réalisateur lui-même qui incarne cet homme lunaire et rêveur dont le comportement poétique contamine peu à peu le récit. Toute la première partie du film est ainsi un mélange d’humour et de délicatesse, avec ce ton si particulier propre au cinéaste.
Hélas, tout se gâte quand les ennuis s’accumulent sur la tête du personnage principal. Ce qui était léger et drôle devient subitement plombant et outré, et le mélodrame s’installe. On a du mal à comprendre ce revirement qui entraîne le film vers une noirceur pataude, presque grossière, comme pour flatter un goût connu du public occidental (et des festivals) pour la surenchère tragique. Tout sonne faux, de la grande scène d’émotion du personnage principal à la séquence appuyée sur la main mise de la religion (le cinéma devenu un lieu de prière aurait dû suffire à alerter le spectateur). À trop multiplier les symboles sursignifiants, à formater inutilement son récit, Aktan Arym Kubat finit par se perdre, diluant son cinéma si personnel dans un pseudo exotisme navrant.
MpM
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