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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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England is mine (Steven before Morrissey)
/ 2017
07.02.2018
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THIS CHARMING MAN
« - La vie est trop courte…
- Pour les clichés. »
Premier long métrage de Mark Gill, England is mine est un biopic étrange qui pourrait tout aussi bien être un récit initiatique sur un adolescent lambda et archétypal se rêvant en artiste. On y suit en effet le combat d'un jeune homme introverti et pas du tout adapté à son époque, quoique convaincu de sa propre valeur, pour trouver sa voie dans le monde de la musique. Il se trouve que le jeune homme s’appelle Steven Morrissey et deviendra le chanteur du groupe mythique The Smiths, mais il aurait aussi bien pu être une pure invention sans que cela rende le film moins intéressant.
Très rythmé, avec des dialogues efficaces, et une bonne dose d'ironie, England is mine raconte ainsi brillamment les quelques années ayant précédé la création du groupe. Pas plus impressionné que ça par son personnage, qu’il ne prend jamais au premier degré, façon génie méconnu, le réalisateur le montre dans toute sa complexité, ses contradictions et ses travers. On sent ainsi à la fois une certaine forme de misanthropie, la frustration de ne pas réussir, et le décalage fondamental entre ses aspirations et la réalité. Le film aborde également en filigrane le relatif conservatisme de l’époque et le décalage entre les classes sociales, proposant une savoureuse chronique de cette période charnière en Grande Bretagne.
On est tout particulièrement impressionné par les qualités formelles du film, et notamment son élégant travail sur le flou et la faible profondeur de champ. Cela donne à l’image un mélange de romantisme et de puissance d’évocation qui sont parfaitement raccord avec le personnage. La construction, très elliptique, permet également de s’abstraire des passages obligés du biopic pour aller vers un récit plus rythmé, parfois ironique, qui crée une complicité avec le spectateur. Enfin, il faut souligner la performance de Jack Lowden qui est absolument formidable en post-ado mal dans sa peau à l’ironie dévastatrice.
Toutefois, la meilleure idée du scénario est de ne quasiment jamais montrer le personnage en train de chanter, mais de lui avoir au contraire donné la parole dans des monologues intérieurs d'une grande puissance. On a ainsi l’impression que Mark Gill s’est refusé à toute facilité pouvant flatter les fans (montrer le triomphe musical du personnage) tout en lui donnant symboliquement la parole. Logique, après tout, pour un film sobrement intitulé en version originale Steven before Morrissey.
MpM
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