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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Agatha, ma voisine détective (Nabospionen)
/ 2017
07.02.2018
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ELEMENTAIRE MON CHER VOISIN
"Mon nom est... Agatha Christine !"
Ancré dans un contexte plutôt réaliste (à l’exception du lézard géant qui parle, sorte d’émanation de la conscience du personnage principal), Agatha, ma voisine détective raconte avec simplicité l’arrivée d’Agatha, dix ans, et de sa famille dans un nouveau quartier. Passionnée d’enquêtes policières, la très jeune fille s’imagine en détective privée hors pair (dans des exploits imaginaires soulignés par l’utilisation du noir et blanc) qui résout brillamment tous les mystères.
Mais si l’intrigue s’articule autour de la double enquête dans laquelle elle se lance (découvrir le voleur et comprendre le comportement mystérieux de son voisin), le film ne se concentre pas tant sur son travail d’investigation que sur vie en général. Ce sont en effet les difficultés d’Agatha pour être prise au sérieux et pour exister aux yeux des autres qui forment la trame principale de l’intrigue. En miroir, Vincent, le jeune voisin d’abord suspect qui devient peu à peu un ami, a lui aussi du mal à s’affirmer face à son père ou à son grand frère. L’air de rien, Agatha, ma voisine détective aborde ainsi des thèmes prégnants dans la vie des enfants et adolescents comme l’acceptation par les autres, le conformisme, la dictature de la norme. Le tout discrètement, en arrière-plan, évitant tout didactisme ou « morale » à l’emporte-pièce.
Car ce sont bien les aléas de l’enquête d’Agatha qui rythment avec humour le récit et créent une certaine forme de tension dramatique. Ils permettent aussi l’identification du jeune spectateur avec Agatha et ses débats intérieurs (suivre son instinct ou faire ce qu’on attend d’elle ? Renoncer à ses rêves ou être marginalisée ?). La technique particulière utilisée pour l’animation des personnages (des éléments créés sous photoshop puis « découpés » et animés via un logiciel sur les différents décors) gomme la dureté de certaines situations en ancrant le film dans un univers certes réaliste, mais doux et enfantin. Entre le film initiatique et le divertissement à suspense, Agatha, ma voisine détective atteint ainsi son but et impose sa singularité, exactement comme sa drôle d’héroïne. La plus belle preuve de sa réussite est le prix reçu lors de l’édition 2017 de Mon premier festival, décerné par un jury composé d’enfants.
MpM
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