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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Cinquante nuances plus claires (Fifty Shades Freed)
USA / 2017
07.02.2018
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DEUX MARIAGES ET UN ENTERREMENT
"Si tu savais cuisiner, tu serais parfait."
Une semaine avant la sortie de l'incontournable Black Panther (déjà promu au rang de meilleur Marvel), Universal a décidé de récompenser ceux qui voudraient fêter la Saint-Valentin en avance avec Cinquante nuances plus claires. Dans la lignée de ses prédécesseurs, l'ultime chapitre de cette saga alterne intrigues dignes de n'importe quelle comédie romantique et moments légèrement WTF. Explications.
Carte postale
Pensant être désormais en sécurité, Anastasia et Christian, fraîchement mariés, profitent de leur relation et de leur vie de luxe. Mais pendant qu'Anastasia s'adapte à sa nouvelle vie (et à son nom de Mme Grey), son bonheur est perturbé par l'arrivée et le retour de véritables menaces.
Avec très peu de subtilité, Cinquante nuances plus claires raconte comment un couple atypique tente de s'accommoder d'une vie des plus normales. Anastasia et Christian se sont mariés, ils évoquent l'idée d'avoir des enfants, achètent des maisons pour les démolir et les reconstruire, se prélassent dans leur penthouse qui surplombe Seattle, partent en week-end avec leurs amis à bord d'un jet privé et raffolent des dernières Audi. Quoi de plus banal ?
Ayant visiblement pris connaissance des critiques adressées à Cinquante nuances plus sombres, Niall Leonard a plus ou moins redressé la barre avec le scénario du troisième volet. Au moment où James Foley, déjà réalisateur du second film, continue de se faire plaisir avec des plans dignes d'un clip financé par l'office du tourisme. Si la production a su rendre Seattle mystérieuse et belle par le passé, Cinquante nuances plus claires propose de très beaux plans de Paris. Arc de Triomphe, Tour Eiffel, Tuileries, Louvre, tout est fait pour que la lune de miel d'Anastasia et Christian semble tout droit sortie d'un conte de fées. Et cela fonctionne. Jusqu'à ce que les ennuis refassent surface en la personne de Jack Hyde, l'ancien supérieur hiérarchique d'Anastasia qui semble obsédé par celle-ci.
Un volet en forme d'excuses
Toujours incapable de créer des scènes vraiment dramatiques et fortes à la fois, Niall Leonard parvient tout de même à rendre justice à tous les déçus des premiers volets. En effet, certains acteurs campant des personnages secondaires ont droit à beaucoup plus de dialogues (coucou Rita Ora), d'autres apparaissent enfin à l'écran (Tyler Hoechlin). Tout cela pendant que Kim Basinger est coupée au montage afin qu'une autre blonde au comportement répréhensible ait un peu de place. Arielle Kebbel incarne ainsi Gia Matteo, l'architecte de la future maison de nos deux nouveaux mariés.
Plus encore, Cinquante nuances plus claires s'autorise à ne pas faire tourner toute l'action autour de Christian et Anastasia, tout en ne parlant que d'eux. S'il était auparavant difficile de se sentir concerné par les "problèmes" du couple, leurs questionnements semblent ici plus terre à terre. Christian ne veut pas d'enfant parce qu'il a peur que celui-ci finisse par retenir toute l'attention et l'amour d'Anastasia. Okay. Anastasia est concernée par les intentions de Gia vis-à-vis de son couple, ainsi que celui de Elliot et Kate. C'est noté. Anastasia a du mal à être appelée Mme Grey au bureau car elle pense que cela accentue l'idée qu'elle n'a eu sa promotion qu'à cause de sa relation avec Christian. D'accord.
De manière plus ou moins subtile, Cinquante nuances plus claires aborde des thématiques qui touchent de nombreux couples. Et cela est suffisamment important pour que l'on veuille le souligner. Car si l'alchimie entre les deux acteurs principaux, Dakota Johnson et Jamie Dornan, laissait à désirer dans le premier volet, la question ne se pose plus ici. Cinquante nuances plus claires n'est sans doute pas le grand film censurable et polémique qu'il devait être mais Perfect World Pictures et Michael De Luca Productions ont financé un film qui maîtrise parfaitement l'art de la frustration, que celle-ci concerne les personnages ou les spectateurs.
La frustration pour les nuls
Pour celles et ceux qui rêvaient de voir un peu plus que les poils pubiens de Jamie Dornan, il faudra repasser. Ceci dit, Cinquante nuances plus claires offre son lot de gros plans sur cette partie du corps de l'ancien mannequin pour Calvin Klein, tout en proposant de jolis plans sur ses fesses. Quant à ses lèvres, leurs passages sur le corps de Dakota Johnson sont enfin sulfureux. Visiblement plus à l'aise avec son corps et avec les scènes de sexe, Jamie Dornan ferait rougir n'importe qui.
Quant à Dakota Johnson, on ne peut désormais que féliciter la simplicité avec laquelle elle donne vie à Anastasia. En particulier dans un volet centré sur la capacité de cette dernière à monter au créneau et à protéger son mariage ainsi que son époux. Face à eux, Max Martini fait toujours sourire en garde du corps avisé tandis que sa nouvelle recrue, Brant Daugherty est hot AF.
D'une durée correcte (105 minutes), Cinquante nuances plus claires semble pourtant passer à une vitesse folle. La faute à une bande originale qui "clip-ifie" tout l'ensemble. Ainsi, les voix de Hailee Steinfeld, Rita Ora, Liam Payne, Dua Lipa, Julia Michaels, Jessie J, Sia, Ellie Goulding s'enchaînent sans interruption. Et histoire que l'on en ait pour votre argent, Danny Elfman est allé jusqu'à faire chanter Jamie Dornan sur le titre "Maybe I'm Amazed".
Très joli final d'une saga qui aura fait couler beaucoup d'encre à défaut de sperme, Cinquante nuances plus claires se regarde avec un peu plus de plaisir que ses prédécesseurs. Le film de James Foley suscite une certaine frustration mais vient clore un phénomène dont les valeurs sociales et symboliques ne sont plus à démontrer.
wyzman
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