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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Black Panther
USA / 2017
14.02.2018
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LONG LIVE THE KING
"Des armes ? C'est si rudimentaire !"
Premier Marvel de 2018, Black Panther est aussi le plus important. Certainement plus original qu'Avengers : Infinity War et plus attendu qu'Ant-Man and the Wasp, le film de Ryan Coogler est encore plus frais et palpitant que les films qui l'ont précédé, à savoir Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2, Spider-Man : Homecoming et Thor : Ragnarok. Explications.
Un film historique
Après les événements de Captain America : Civil War, T'Chall revient au Wakanda pour prendre sa place sur le trône. Très avancé technologiquement, le Wakanda demeure caché du reste du monde et le retour d'un ancien ennemi met le courage de T'Challa à rude épreuve. Entraîné dans un conflit qui menace le Wakanda mais également le reste du monde, il devra se montrer plus grand que l'était son père.
Premier film de super-héros axé exclusivement sur un personnage noir, Black Panther est un concentré de premières fois. Et c'est sans doute cela qui en fait un événement à part entière et similaire à Wonder Woman. Inscrit dans la Phase 3 de l'univers cinématographique de Marvel, Black Panther dispose d'arguments on ne peut plus convaincants. A commencer par l'histoire qu'il propose, celle d'un prince devenu roi après la mort soudaine de son père et qui se retrouve à combattre les fantômes du passé ainsi que ceux qui pourraient s'élever dans le futur.
Black Panther est en effet un film constamment ancré dans une histoire plus globale que celle imaginée par les producteurs. Le film parvient à lier les Black Panthers d'autrefois au Black Panther de la pop culture actuelle tout en évoquant subtilement le mouvement Black Lives Matter. Sans en faire des caisses, le scénario de Ryan Coogler et Joe Robert Cole pose les bases d'une trilogie qui n'aura aucun mal à être plus passionnante que celle d'Iron Man ou Captain America. En effet, rares sont ceux capables de détailler le synopsis de chaque Iron Man tandis que l'on ne sait pas trop ce qu'il reste des épisodes 2 et 3 de Captain America.
Construit autour d'une question simple (à quel point faut-il redouter l'étranger ?), Black Panther s'avère rapidement plus actuel que n'importe quel autre Marvel. Ici, pas besoin de créer tout un univers pour stimuler l'imaginaire du spectateur. Il n'est pas non plus nécessaire d'évoquer une expérience scientifique foireuse ou d'avoir recours à un millionnaire arrogant pour faire rire. Black Panther s'intéresse en effet directement à la place des Noirs dans le monde ainsi qu'à la responsabilité qu'ont certains d'entre eux lorsqu'il s'agit du sort des autres.
Marketé pour plaire aux Noirs américains, Black Panther n'évite pas pour autant tous les écueils d'un Marvel. Car à la fin de la journée, il reste un Marvel, avec ses qualités indéniables et ses petits défauts. A commencer par cette manière toujours un peu sordide de terminer les films. Ainsi, la nécessité d'inclure une ou deux scènes nécessairement dites "de conclusion" après que le méchant soit tué ou capturé se ressent. De plus, on apprécie peu ses fonds incrustés numériquement. T'Challa et Nakia discutent sur un rocher alors pourquoi ne pas avoir fait tourner Chadwick Boseman et Lupita Nyong'o en extérieur ? La question mérite d'être posée et souligne les limites du numérique.
Des prouesses techniques
Visuellement, Black Panther partage avec Les Gardiens de la Galaxie le titre de Marvel le plus original. Les effets spéciaux ne sont pas spectaculaires mais chaque scène où ils sont utilisés à forte dose vaut le détour. On pense notamment à cette course-poursuite dans Busan (Corée du Sud) plus que visible dans les teasers et bandes annonces - car c'est la seule qui ne dévoile rien de l'intrigue globale. Evoquons également cette séquence d'ouverture racontée par T'Chaka à T'Challa et ce générique de fin ultra cool et qui n'est pas sans rappeler certaines œuvres de Nathan Sawaya.
Sous couvert de nation technologiquement très avancée, Black Panther s'offre quelques folies et donne une place de choix au personnage de Shuri (Letita Wright), la petite sœur de T'Challa. Quand James Bond a son Q, T'Challa a sa Shuri, une experte en technologies, aussi drôle qu'insolente. Et en parlant d'humour, Black Panther n'en manque pas. Et j'insiste sur ce point. L'humour est ici distillé, parfaitement réparti, présent à des moments où l'on ne s'y attend (vraiment) pas. Comme lorsque Shuri dit à l'agent Ross (Martin Freeman) : "Ne me surprenez pas comme ça, colonisateur." Très enclin à se moquer des Noirs, le réalisateur (noir) Ryan Coogler a agrémenté son scénario de quelques remarques bien senties sur les perruques, l'alimentation et les manières des Noirs. Preuve que l'on peut rire de certaines choses sans tomber dans du racisme pur et simple.
Avec une bande originale signée Kendrick Lamar et sur laquelle on retrouve The Weeknd, SZA, Jorja Smith, Khalid, Travis Scott et Swae Lee, Black Panther est sans conteste le Marvel le plus intéressant et le plus important qui soit. La photographie de Rachel Morrison vient en effet sublimer les 700 costumes créés par Ruth E. Carter qui s'est inspirée des tenues des Massai, des Zulu et des Dinkas (entre autres) lorsqu'elle ne lorgnait pas du côté d'Yves Saint Laurent et de Donna Karan.
Un casting 4 étoiles
Bien évidemment, le principal intérêt de Black Panther repose sur son impressionnant casting. Sur les onze acteurs principaux du film, seulement deux sont de type caucasiens : Martin Freeman et Andy Serkis. Comme on le pensait déjà l’époque de Captain America : Civil War, Chadwick Boseman continue d'être le choix parfait pour incarner Black Panther. A 41 ans, cet Américain vu dans Gods of Egypt semble fait pour devenir l'Iron Man noir, c'est-à-dire le seul personnage capable de porter et d'unifier les Avengers lorsqu'Iron Man et Captain America auront officiellement raccroché les gants.
A ses côtés, Michael B. Jordan donne vie au meilleur méchant d'un film Marvel. Et je pèse ici mes mots. Le personnage qu'il incarne (Killmonger) apporte avec lui de véritables enjeux sans lesquels Black Panther n'aurait presque aucune intérêt. Sombre et torturé, le personnage a tout du revanchard qui veut tout détruire sur son passage en espérant trouver des réponses à ses questions en cours de route. Bien évidemment, il est difficile de ne pas voir le parallèle entre Black Panther/Killmonger et Professeur Xavier/Magneto tant les personnages sont complémentaires et constamment opposés.
Viennent ensuite trois actrices qu'il va falloir continuer à suivre de très près : Lupita Nyong'o, Danai Gurira et Letitia Wright. La première n'a plus besoin d'être présentée mais continue de surprendre. En love interest de T'Challa, elle confère un peu d'humanité à un conflit un peu trop dominé par les mâles du film. Star de The Walking Dead, Danai Gurira dispose ici d'un rôle à la hauteur de son talent en la personne de la générale Okoye. Robuste et courageuse, Okoye est sans conteste le personnage que l'on a le plus hâte de retrouver dans le prochain volet. Le sort de son chéri W'Kabi (joué par la révélation Daniel Kaluuya) est en effet un enjeu important pour la suite. Letitia Wright, elle, devrait rapidement devenir la coqueluche de millions d'adolescentes à travers le monde tant le personnage de Shuri est inspirant.
Quant aux vétérans Angela Bassett, Forest Whitaker, Andy Serkis et Martin Freeman, ils endossent parfaitement leur rôle de caution d'aînés Oscar-worthy sans jamais sembler ridicules ou dispensables. Enfin, nous sommes dans l'obligation d'évoquer Winston Duke. Dans le rôle du combattant déchu M'Baku, il offre à Black Panther un superbe retournement de situation.
Plus authentique que n'importe quel film de super-héros, Black Panther est un film fait avec beaucoup d'amour et de minutie qui prouve que l'on peut faire évoluer la perception que l'on a d'une minorité en permettant à des créateurs noirs de raconter des histoires tangibles et sincères. Film historique pour les Noirs américains, Black Panther devrait signer le renouveau de Marvel. Et bon sang ce qu'on en avait besoin !
wyzman
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