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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Lady Bird
USA / 2017
28.02.2018
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LA FÊTE EST FINIE
« On n’est pas obligés de se divertir en permanence. »
Pour son premier long métrage en solitaire, Greta Gerwig s’émancipe légèrement du genre qui l’a fait connaître, le « mumblecore » (des films tournés en numérique, avec un très petit budget, souvent de manière improvisée, avec des personnages en dessous de la trentaine). Entre héritage du cinéma de Cassavetes et nouvelle vague américaine, ces portraits de jeunesse contemporains oscillent entre comédie et petits drames.
On peut voir en Lady Bird cette filiation maternelle. Pour les racines paternelles, en revanche, Greta Gerwig s’inspire davantage des films de John Hugues (côté lycée) et de Sofia Coppola (côté adolescence mal vécue). C’est un « teen movie » au sens le plus noble du terme, à la fois récit initiatique classique et chronique familiale névrotique.
Lady Bird capte très bien les hauts et bas émotionnels d’une adolescente piégée par une mère intrusive, une vie monotone, une éducation catholique et des garçons décevants. Une fille « pas parfaite » qui « déteste la Californie » et rêve de New York, de théâtre, de littérature, qui désire « vivre quelque chose » loin de son bled.
Si le film n’a rien d’original visuellement, il affiche une jolie singularité quant à son écriture en maniant avec habileté différentes tonalités, du rire au chagrin en passant par la colère. Elle-même comédienne, Greta Gerwig s’est aussi attachée à choisir des acteurs qui servent son scénario, au mécanisme convenu mais au style très personnel, semi-autobiographique.
Sweet eighteen
Saoirse Ronan, on le sait depuis longtemps, est une actrice exceptionnelle. Elle porte tout le film sur les épaules avec une assurance et une intelligence qui confirment son talent. Elle est aussi entourée de seconds-rôles qui habitent leurs personnages en quelques scènes – Tracy Letts en père dépressif et débonnaire, Jordan Rodrigues en frère apathique, Beanie Feldstein en meilleure amie, Lois Smith en bonne sœur surprenante, Lucas Hedges en boyfriend idéal qui se révèle gay ou Timothée Chalamet en boyfriend érudit, égoïste et nihiliste. Cette galerie de personnages a priori normaux et a posteriori malheureux donnent des couleurs à cette histoire un peu délavée.
La narration est construite comme un scénario hollywoodien, avec un crescendo qui va rendre la Lady heureuse et amoureuses, avant que tout ne vrille et que les enfers s’ouvrent devant elle, pour finalement parvenir à une forme de happy end salvateur (et rédempteur).
Mother
Aussi Lady Bird ne serait qu’une charmante fantaisie dramatique s’il n’y avait pas la mère, incarnée par Laurie Metcalf. Elle livre ici un jeu aussi sensible que troublant, lumineux que bouleversant, à la fois ambivalent et très intériorisé. En mère courage, passive agressive, dure en apparence et généreuse en profondeur, elle irradie chacune de ses scènes au point de former avec Saoirse Ronan un des plus beaux et des plus justes duos Mère fille de ces récentes années.
Ironique, caustique, antidogmatique, le film montre comment une jeune adolescente de la classe moyenne cherche à se délivrer de ses classes (scolaire et sociale) et de la propagande qu’on lui inflige (politique, familiale, religieuse…). Là où on attendait un hymne à la création et aux arts, Greta Gerwig préfère composer une ode à la mère. Là où on croyait voir une satire de l’Amérique provinciale, la cinéaste opte pour une réconciliation entre l’éducation et les rêves, le confort de ce que l’on connaît et l’incertitude d’un futur risqué.
Girl Power
Si on peut reprocher un épilogue new yorkais un peu inutile, diluant l’intensité du rythme jusque là observé et dictant une émotion un peu forcée, on retrouve tout au long de l’histoire les sensations, soubresauts joies personnelles et drames familiaux qui ponctuent l’adolescence.
Par petites piques, Lady Bird s’avère aussi très féministe. Les femmes y sont bien plus fortes que les hommes, au mieux déprimés ou mauvais baiseurs, au pire refoulés ou frustrés. Petits mensonges et grandes vérités forment alors un joli conte sur l’apprentissage de la vie.
« Ne pensez vous pas que c’est la même chose, l’amour et l’affection ? » lui demande-t-on ? Sans aucun doute selon Gerwig, qui filme chaleureusement ces vilains petits canards, incapables de s’envoler à cause de règles imposées et d’entourages dysfonctionnels. A l’instar de Call Me By Your Name, Lady Bird démontre que la transition vers l’âge adulte est un parcours d’obstacles plein de souffrances malgré quelques extases. La crucifixion de l’enfance passe par l’adoration pour la mère, l’amour pour le père, et la bénédiction de ceux qui osent quitter le nid. Si l’oiseau s’envole, c’est aussi parce qu’il est prêt à voler de ses propres ailes…
vincy
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