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DES TOX
« - T’as envie de faire quelque chose encore mieux que de te défoncer ?
- Un grec ! »
De Divines à Bande de filles, en passant par le récent Jeune femme, les portrait de filles désœuvrées inspire le cinéma français, comme autrefois ceux de Pialat, Varda, Doillon, Zonca… La fête est finie s’inscrit dans cette mouvance naturaliste où l’on préfère les battements de cœur, les gestes précipités, les fulgurances de l’existence pour décrypter une psychologie et esquisser des personnages plutôt que de raconter une histoire prévisible et moraliste.
Ici, l’envie de filmer librement l’itinéraire de deux paumées, à la parole brute, abandonnées par les leurs et se détruisant dans la dope, est le principal moteur ce passage vers la maturité.
Ce genre de parcours fonctionne grâce au charisme des actrices. La fête est finie doit beaucoup à Clémence Boisnard (une belle révélation) et Zita Hanrot. Elles sont éblouissantes malgré la noirceur de leurs personnages et leur différences physiques. La tête à l’envers, hors du réel, ces débrouillardes tentent une rédemption, une bonne détox post gueule de bois. Sans toit, ni loi, elles vont devenir interdépendantes incapables d’être « sans toi, ni moi ». Fusionnelles.
Cette thérapie en deux parties – avec de l’aide dans un centre isolé, autonomes en ville – créée forcément son lot de tensions, de rivalités, d’attirance, de bons moments, et de mauvaises idées. Le rejet de soi et le rejet de l’autre forment parfois une expérience alchimique explosive. « Vous me faîtes tous chier mais celle qui se fait le plus chier, c’est moi ».
Au-delà de leurs 400 coups, l’histoire est assez convenue. La mise en scène se veut réaliste et même assez minimaliste. Il y a quelques beaux moments. Et l’évolution de Céleste (Clémence Boisnard), véritable cœur du film, sonne juste. Le point de vue féminin n’est pas pour rien dans cette compassion vis-à-vis des deux femmes, et contribue fortement au plaisir de les voir s’en sortir. Ici, ce sont les mecs qui ont la bite à l’air. Les femmes sont libres, excessives. De libération en rechute, leur mue ne se fait pas sans heurts.
Si parfois, les transitions sont bancales, si, sans doute, le personnage de Zita Hanrot aurait mérité un peu plus de présence, ce que l’on retient finalement, en dehors d’une très belle trame musicale, c’est cette envie de montrer la réinsertion, la (re)construction d’un(e) individu(e) a priori perdu(e) pour la société. L’espoir, même quand tout est noir. A condition de trouver la bonne béquille pour pouvoir marcher. Penser à l’autre c’est déjà penser à soi.
Vincy
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