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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Un raccourci dans le temps (A wrinkle in Time)
USA / 2018
14.03.2018
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BE LOVED
« L’amour est toujours là, même si tu ne le vois pas. »
Oublions qu’il s’agit d’une adaptation d’un monument de la littérature jeunesse, que le budget est gigantesque, que la réalisatrice est afro-américaine, que tout cela serve d’arguments marketing. Que vaut finalement ce nouveau mastodonte destiné au jeune public ?
Car évidemment, on a envie d’en dire du bien après toutes ces bonnes intentions. Dans la lignée des Harry Potter et surtout Narnia (même inspiration chrétienne), Un raccourci dans le temps est un produit pour les très jeunes, sorte d'Interstellar croisant un Youth Adult hype. Tout est bien calibré pour plaire à tout le monde. Ce qui rend l’ensemble très sage. Il n’y a même pas de vilains. Juste un ennemi, métaphore du mal absolu qui nous conduit à de mauvaises actions. Bonus : on l’appelle « Ça », ce qui renvoie à l’être maléfique de Stephen King, sans la clownerie.
On reste quand même étonnés de voir qu’avec tant de moyens et de talents, le produit fini soit aussi décevant. La longueur et la lenteur du film nous assomment littéralement. Cette Alice au pays des merveilles passant de l’autre côté du miroir nous laisse un peu de marbre. Peut-être la faute à ce monde imaginaire un peu convenu, trop artificiel, et avouons-le assez laid.
Féérie fantasy à l’esthétique trop flashy, le film empreinte un chemin d’arcades déjà vu, avec trois reines mages en guise de guides. Mais le trio de héros est composé d’une jeune ado mal dans sa peau, de son petit frère un peu trop précoce (digne d’un film d’horreur) et d’un jeune garçon attiré par son caractère de cochon. Classique. Il faut quand même attendre la seconde moitié du film pour que le rythme s’accélère, que l’enjeu devienne palpable, que toute cette épopée se dramatise un peu.
Cantique des quantiques
Cela suffit-il ? « L’amour, voilà la fréquence » universelle qui combat le mal. Tel est le message. Ava Du Vernay cherche à faire passer quelques idées simples : une lutte contre l’uniformité (« mais l’anormalité est beaucoup plus intéressante »), une critique contre le consumérisme et un hymne au métissage. Difficile de s’opposer à tant de bons sentiments.
Dommage alors d’avoir oublier l’essentiel : l’émotion. Au milieu de décors irréels ou virtuels, entre références intellos noyées dans une morale appuyée et idéalisme un peu simpliste dans un réel assez banal, on aurait pu s’attendre à être transporté dans un mélodrame poignant. Mais, justement, à cause de ces décors, de cette morale, de ce réel sans humour et baigné dans le pathos, lorsque le happy end pointe son nez à travers une succession de retrouvailles, on reste indifférent. La mécanique ne fonctionne pas. Si bien que ce raccourci semble être surtout un long détour où l’on s’est perdu durant deux heures. vincy
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