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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Pierre Lapin
Royaume Uni / 2018
04.04.2018
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LAPIN COMPRIS
« - Désolé, mais est-il mort ?
- Non.
- Je croyais que « déménager en France » était un euphémisme. »
Babe, Stuart Little, Garfield, Alvin, Paddington et bientôt Winnie l’Ourson: les animaux qui parlent sont devenus des héros à part entière du cinéma. Les personnages de la littérature jeunesse et de la bande dessinée sont donc une mine d’or pour le cinéma. Et Pierre Lapin, la création de Beatrix Potter, ne fait pas exception. Par son cadre très british, ses bêtises qui forgent les gags, et son humour élégant, le film se rapproche davantage de Paddington. Mais ici, hormis une incursion aventureuse londonienne, le décor est bucolique et campagnard (dans le nord de l’Angleterre).
Si le film gomme la délicatesse et la poésie des dessins des livres de Potter, il modernise les fables « littéraires » en lui insufflant un ton insolent et une action proprement cinématographique. Sans révolutionner le genre ni bouleverser les codes de la comédie familiale, Pierre Lapin est un spectacle aussi réjouissant que distrayant, charmant que pétillant.
En maniant l’autodérision avec délectation (après tout Pierre est un lapin avec une veste bleue mais sans pantalon), ce conte écologique et « slow-life », a des airs de Ferme des animaux de George Orwell, en moins féroce. En prenant comme « méchant », un jeune homme « british » jusqu’au bout des ongles manicurés, ambitieux, coincé, maniaque et terriblement citadin, le scénario s’offre un parcours balisé vers une comédie romantique dont on devine rapidement la fin. Le personnage féminin, Béa, clin d’œil à l’auteure Beatrix Potter, sera la médiatrice parfaite entre ce dandy dédaigneux en manque d’amour et ce lapin « voleur » et malin. C’est un match ultime entre le mangeur de civet et l’adorateur de carottes.
Fourmillant de bonnes idées et de blagues inspirées, empruntant au burlesque du muet et du cartoon hollywoodien pour la plupart, pas loin de Bugs Bunny versus Elmer Fudd le chasseur, Pierre Lapin est surtout doué avec ses portraits d’animaux, cherchant à chaque fois la faiblesse des uns et des autres, du cerf au cochon, en passant par ses oiseaux qui ne peuvent jamais finir leur chanson à la Disney.
Critique de la société contemporaine comme de la culture britannique (« Tout le monde est brusquement allergique à tout »), le film d’animation ose parfois une drôlerie décalée, la parodie facile, se moquant de lui-même, voire absurde (a-t-on déjà vu un lapin jaloux d’un homme ?). Dans cette « Battle » de « nuls », les facéties amusent, même si on voit bien certains artifices pour remplir une histoire peut-être un peu trop simple.
Mais, bien joué et bien écrit, ce film classique est avant tout rafraichissant. Qui appellera sans doute une suite tant les personnages sont attachants.
vincy
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