Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Don't worry he won't get far on foot


USA / 2017

04.04.2018
 



DESSIN MAJEUR





- On t’aime aussi.
- Attends de me connaître.


Don’t worry, he won’t get far on foot (littéralement : « ne vous inquiétez pas, il n’ira pas loin à pied ») est la légende d’un dessin humoristique signé John Callahan, artiste américain tétraplégique à l’humour noir et grinçant, sur lequel on voit des hommes à cheval dans le désert, face à une chaise roulante vide. Un dessin qui, sans doute, résume à la fois l’esprit et le parcours de cette forte personnalité dont Gus van Sant a choisi de nous raconter la vie mouvementée.

Si le film est relativement classique formellement, en dépit de sa manière d’imbriquer les récits et les flashs-back les uns dans les autres, comme d’innombrables poupées russes qui se font écho, son intérêt tient surtout dans sa tonalité ironique, et surtout dans la voix de John Callahan lui-même, narrateur lucide de son propre destin, plein d’une autodérision salvatrice. Joaquin Phœnix porte le film sur ses épaules, formidable en homme abrupt au franc-parler désarmant et souvent grinçant. Il est merveilleusement accompagné par Jonah Hill, très touchant en mentor charismatique, mais aussi par les seconds rôles Rooney Mara, Jack Black, Beth Ditto ou encore Kim Gordon qui l’entourent et l’accompagnent chacun à sa façon dans son parcours initiatique. C’est d’ailleurs l’occasion pour Gus van Sant d’esquisser une jolie galerie de portraits que l’on sent plus bienveillants que moqueurs.

Le cinéaste américain réussit ainsi un film drôle et profond, impeccablement mis en scène. Bien sûr, on peut trouver qu’il est assez didactique lorsqu’il s’agit de délivrer un message d'espoir et de courage, parfois un peu premier degré. On se demande aussi où est passée l’irrévérence viscérale de Callahan, qui transparaît dans ses dessins, mais ne dépasse pas réellement d’un récit assez policé. Et c’est vrai, on a connu Gus van Sant plus singulier et plus novateur. Malgré tout, force est de reconnaître qu’avec ce biopic elliptique et ultra rythmé, il rend un bel hommage, à la fois sensible et joyeux, à l’homme que fut John Callahan.
 
MpM

 
 
 
 

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