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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Allons enfants
France / 2018
18.04.2018
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PETITS POUCETS
Curieux objet que le nouveau film de Stéphane Demoustier, qui flirte avec le long métrage (il dure 59 minutes), mêle fiction et documentaire, et va jusqu’au bout d’un dispositif qui peut paraître aride : deux enfants très jeunes (3 ans et demi) se perdent dans le parc de la Villette, et y errent livrés à eux-mêmes.
La caméra du cinéaste les suit patiemment dans leurs déambulations solitaires au milieu d’une foule qui les ignore. A cette échelle, très ténue, on est dans la poésie pure : que font de très jeunes enfants quand ils sont soudainement (enfin ?) laissés libres de leurs mouvements ? Mais des siècles de conditionnement et de contes entrés dans notre culture commune contaminent peu à peu le récit : qui sera l’ogre ? Où est la bonne fée ?
C’est là qu’intervient la fiction par l’intermédiaire de la comédienne Vimala Pons qui incarne une jeune femme perdue au sens cette fois figuré du terme, et qui par hasard prend en charge la petite Cléo. Ce duo improbable, outre qu’il vient dynamiser le récit en le sortant de la pure contemplation documentaire, fonctionne comme un jeu de miroir entre la jeune femme et l’enfant, chacune se raccrochant à l’autre, si bien que l’on ne sait plus qui avait le plus besoin d’aide et de compagnie.
On est ainsi fasciné par cette œuvre singulière qui n’a pas peur d’être exigeante avec le spectateur, tout en lui proposant une forme de conte moderne. Ce qui est le plus touchant est peut-être la démarche initiale du réalisateur, qui filme ses propres enfants, des jumeaux âgés de 3 ans et demi au moment du tournage, en se saisissant de ce qu’ils veulent bien lui donner. Impossible en effet de construire une pure fiction avec des acteurs si petits. Ce qui se révèle à l’écran, alors, tient pour une part au mystère de l’enfance, à cet état de conscience dont on ne sait plus rien adulte, à mi-chemin entre une liberté vertigineuse et un libre arbitre encore en train de se construire.
MpM
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