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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Gringo
USA / 2018
08.05.2018
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COMMENT SE PAYER SON PATRON ?
« Ne me faites pas peur avec vos histoires de cartels »
La valeur de Gringo est-elle liée à son seul casting ? Thriller aux twists multiples, il apparaît davantage comme un produit cherchant à divertir qu’un film renouvelant le genre. A l’heure des séries où la manipulation du spectateur et les rebonds narratifs sont de mieux en mieux maîtrisés, le pari est risqué de vouloir condenser ce qui aurait pu être un feuilleton à suspens en un film à l’esthétique convenue.
« C’est compliqué de trouver un noir au Mexique ? »
Aussi, on se doute bien que de réunir Charlize Theron, Joel Edgerton, David Oyeolow, Amanda Seyfried et Thandie Newton est le principal moteur du plaisir coupable qu’offre Gringo.
Si l’ensemble est déjà vu, et si les personnages que tout ces acteurs campent sont stéréotypés, avouons que le cynisme de chacun apporte un peu de piment à cette arnaque à tiroirs. Car la particularité de cette histoire de manipulations, faux-semblants, kidnapping, chantage, trahisons, mensonges et autres trafics, est qu’ils sont (presque) tous imbuvables, arrogants, susceptibles, vulnérables, égoïstes. Cela les rend d’ailleurs assez sympathique tellement leur monstruosité est acceptée dans la société libérale et brutale actuelle. Mais - l’honnêteté ne payant pas dans cette époque absurde où les bons sont plutôt des victimes et des pauvres - cela révèle aussi l’hypocrisie et la bestialité qui animent les individus pour survivre dans une telle société.
« Quand vous pouvez gérer 35 enfants, vous pouvez gérer un dealer »
L’exclusion d’un homme est ici l’énergie d’une revanche chaotique où s’invitent une OPA, un cartel mexicain, la brigade des stups, un humanitaire. Plaqué, bientôt viré, le mec semble en plus avoir la poisse dans ce monde de requins, salauds ou tarés. Assumant son aspect politiquement incorrect (aussi bien sur l’impérialisme colonisateur américain que sur les clichés mexicains), Gringo prend du relief grâce aux caractères et aux excès de chacun.
Quelques dialogues vachards et des situations absurdes font le reste pour distraire. Car côté action et même narration, le scénario joue plutôt la paresse. Ce « beau merdier » glamour et parfois drôle se contente quand même le plus souvent de jouer sur le double jeu de chacun, sans vraiment approfondir leurs contradictions, et déroule ainsi ses pièges et chausse-trapes vers un épilogue où la morale sera sauve.
vincy
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