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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'extraordinaire voyage du Fakir
France / 2018
30.05.2018
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UNDERDOG MILLIONNAIRE
« - Je suis un touriste.
- Voyageant dans une armoire ? »
Il ne faut jamais comparé un livre à sa transposition au cinéma, on est souvent déçu. L’extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea avait tout du livre distrayant, enlevé et léger. Le film prend quelques libertés, mais respecte les étapes de cette odyssée colorée. On s'arrête là pour la comparaison.
Car, rien ne prend vraiment : ni la romance, ni la comédie, ni les quelques délires. Il manque une écriture pêchue, une mise en scène à la Blake Edwards, quelque chose qui envoie du spectacle ou de la folie. Un numéro de danse ne suffit pas.
Pas assez déjanté malgré ses allures délurées, le film possède pourtant quelques beaux moments. En essayant d’être plus international que français, il s’offre d’abord une belle technicité, loin des comédies françaises calibrées pour la télévision. Ken Scott, de par sa culture nord-américaine, réussit même à nous faire oublier le point de vue assez français sur l’exotisme indien, italien et britannique de la rocambolesque épopée de ce fakir de pacotille. Au point de filmer Paris comme n'importe quel touriste: idéalisé.
Dommage de noyer tout ça dans trop de sirop sentimental, de morale bienveillante et de romance à l’eau de rose. On ne sait plus très bien si on est dans un Bollywood, une comédie british ou une farce sociale à la française (la partie sur l’immigration clandestine est de loin la plus intéressante). C’est un peu trop naïf pour qu’on y croit. Mais l’humanisme du propos est filmé avec sincérité.
Ce festival de mésaventures, sous forme de contes de fée, aurait sans doute mérité une couche de réécriture pour le rendre bien plus drôle et décalé. On savoure la fantaisie qui plaira à tout le monde. Cependant, c’est inégal, simpliste (hashtag love), rempli de clichés. Mais cette succession de cartes postales absurdes séduit grâce à la prestance de Dhanush, parfait pour le rôle. En clown lunaire, il fait oublier les grosses ficelles du script et fait pardonner la candeur et la frivolité de certains sujets pourtant dramatiques. Pour le coup, ce voyage, en effet extraordinaire au sens premier, ne tient qu’à ce Fakir endiablé qui a des airs de héros Jules Vernien.
Finalement, Ken Scott a été confronté au même problème que des millions de personnes : un beau meuble en kit, un manuel d’utilisation a priori simple, mais quelques vis qui manquent pour que ça tienne tout à fait debout.
vincy
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