Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Mon Ket


Belgique / 2017

30.03.2018
 



LE RETOUR DE FRANCOIS L'EMBROUILLE





"On t'a pas diagnostiqué une maladie mentale ? Parce que y'a un côté autiste dans ton comportement !"

Pour son premier long métrage, François Damiens revient à ce qu'il fait de mieux : la caméra cachée. Et Mon Ket devient rapidement la quintessence de son art. Explications.

Scénario barré

Dany Versavel doit gérer un gros problème : son fils, Sullivan, 15 ans, en a marre d'un père qui joue les durs derrière les barreaux. Mais pour Dany, son "ket" représente toute sa vie et il refuse de le laisser s'émanciper. Résultat, il s'évade de prison et part retrouver son fils pour lui prouver qu'il a changé et peut s'occuper de lui.

Présenté comme un long métrage entièrement tourné en caméra cachée, Mon Ket s'affranchit des conventions du cinéma pour finalement présenter une multitude de petites saynètes dignes des meilleures sketchs de François l'embrouille, le personnage qui a rendu François Damiens célèbre au milieu des années 2000. Et c'est bien là le premier reproche que l'on peut faire à son film : celui-ci a tout d'un enchaînement de scènes comiques que l'on aurait tenté de lier entre elles avec un fil rouge plus ou moins crédible. Mais ce que les cinéphiles aguerris critiqueront nous, nous l'apprécions.

Mon Ket, avec son manque de cohérence et ses mises en scène plus loufoques les unes que les autres, réussit l'exploit de faire rire le spectateur du début à la fin. Si le principe de caméra cachée est surfait ici, on ne peut pas retirer à François Damiens la facilité avec laquelle il parvient à incorporer des individus lambda dans ce qui devrait rapidement devenir un film culte en Belgique.

Une profondeur inespérée

Si sur le plan technique il n'y a pas grand-chose à dire (le principe de caméra cachée convainc difficilement et la musique est parfois un peu trop forte), c'est parce que Mon Ket est avant tout une histoire de personnages. Il y a tout d'abord ce père, véritable abruti qui veut faire ses preuves dans le monde mais qui permet à François Damiens de dévoiler pour la première fois dans une seule œuvre l'intégralité de sa palette de jeu. On aime ou on n'aime pas mais il faut bien admettre que l'acteur prochainement à l'affiche du Monde est à toi de Romain Gavras a l'art de créer des séquences où la gêne règne.

On pense notamment à cet anniversaire organisé pour son fils Sullivan (l'adorable Matteo Salamone) où il n'y a que son parrain, Dany et ce footballeur de l'AFC Tubize payé 5000€ pour chanter "Joyeux Anniversaire" jusqu'à ce que cela devienne insupportable. Mais ce n'est pas tout. Parmi les scènes inoubliables et symboliques du second degré constant dont font preuve nos voisins belges, celle avec l'infirmière fait office de chef-d'œuvre.

Parmi les "personnages" dont on risque de se souvenir longtemps, il y a bien évidemment cette vieille dame à la supérette, absolument médusée lorsqu'elle comprend que Dany tente d'apprendre à Sullivan à fumer. Son "Je sais pas ce que vous avez comme grain dans la tête mais vous êtes complètement débile" résonne encore dans nos oreilles. Et difficile de ne pas évoquer le "Là on devient un peu borderline" du chirurgien esthétique qui comprend qu'il s'appelle à refaire le portrait d'un évadé de prison !

Si Mon Ket est un film extrêmement drôle (on ne pourra jamais dire le contraire), il est aussi le lieu d'une véritable réflexion pour François Damiens. Ici et là, l'acteur désormais réalisateur de 45 ans laisse transparaître sa fragilité d'homme très pris et qui a conscience de ne pas passer suffisamment de temps avec ses deux enfants. Plus encore, il y a dans Mon Ket une volonté (peu subtile certes) de demander au spectateur ce que c'est finalement qu'être un homme. Est-ce être bon père, un bon mari, un bon amant, avoir de l'argent et des relations ?

Grimé voire tout simplement amochi pour les besoins de Mon Ket, François Damiens signe un film à son image : touchant et hilarant. Avec sa palette de "personnages" naturels et directs, son premier long métrage est de ceux dont on parlera longtemps !
 
wyzman

 
 
 
 

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