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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Jurassic World: Fallen Kingdom
USA /
06.06.2018
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LE SAUVETAGE DE BAYONA
"Si je reviens pas, oublie pas que c'est toi qui m'a demandé de venir ici !"
Trois ans après nous avoir fait rêver et explosé le box-office mondial, Universal Pictures et Amblin Entertainment se retrouvent pour Jurassic World : Fallen Kingdom, épisode central mais pas inoubliable d'une trilogie qui pourrait marquer une génération.
Un scénario affligeant
Trois ans plus tôt, les dinosaures se sont échappés et ont détruit le parc à thème Jurassic World. Alors qu'Isla Nublar, abandonnée depuis par les humains, s'apprête à être victime d'une éruption volcanique, Claire (Bryce Dallas Howard) et Owen (Chris Pratt) s'organisent pour sauver les dinosaures restants de l'extinction. Epaulés par Franklin (Justice Smith) et Zia (Daniella Pineda), ils tentent de retrouver Blue, un raptor particulièrement précieux. Mais face à une conspiration, ils doivent ruser s'ils veulent éviter au monde d'être ramené à un âge similaire à la préhistoire.
Particulièrement désenchanté, le scénario de Fallen Kingdom est prévisible au possible. De la relation faussement compliquée entre Claire et Owen aux motivations d'Eli Mills (Rafe Spall) en passant par le retour de Henry Wu (B.D. Wong), tout dans le récit de ce second volet manque de spontanéité. Si Jurassic World prenait le temps de faire de nombreux liens avec la première saga, jouant parfois un peu trop avec la corde sensible, ce Fallen Kingdom se regarde par moments comme n'importe quel blockbuster au budget colossal de 170 millions de dollars hors-marketing.
Car ici, il est avant tout question de remplir un cahier des charges : un super-dinosaure génétiquement modifié, une entreprise qui veut accroître ses profits, des investisseurs milliardaires venus du monde entier, une créature du côté des gentils mais désirant être libre et un couple central qui évolue en même temps que le chaos auquel il est confronté. Et l'avalanche de critiques aurait pu s'arrêter là si seulement Derek Connolly et Colin Trevorrow n'avaient pas en plus de ça mis dans leur blockbuster sans surprise une multitude de nouveaux personnages stéréotypés.
Nous retrouvons ainsi Owen et Claire, toujours aussi sympathiques dans leur performance de Tarzan & Jane es années 2010. Eli Mills est l'habituel bras droit qui se sent pousser des ailes, Franklin le geek légèrement trouillard sur les bords, Zia la médecin aux vraies convictions, Benjamin Lockwood (James Cromwell) le vieillard fortuné et idéaliste, Mr. Eversoll (Toby Jones) l'intermédiaire assoiffé par l'argent et enfin Ken Wheatley (Ted Levine) l'inévitable braconnier un peu trop porté sur les armes à feu.
Des exploits techniques
Là où Fallen Kingdom finit par nous surprendre, c'est bien évidemment sur le plan technique. Réalisateur du billant L'Orphelinat, du passionnant The Impossible et du joli Quelques minutes après minuit, Juan Antonio Bayona (souvent raccourci en JA Bayona) prouve une fois de plus qu'il a un sens de la mise en scène particulièrement excitant. Là où Colin Trevorrow se contentait de présenter des dinosaures impressionnants et parfois dangereux, Juan Antonio Bayona réussit à les rendre incroyablement terrifiants. La technologie aidant, il fait ici ces créatures d'un autre temps des éléments de l'histoire qui fascinent.
Remonté à bloc, le détenteur de trois prix Goya (l'équivalent espagnol des César) se permet même de faire de Fallen Kingdom un film d'horreur, en plus d'être un film d'action et de science-fiction. Les puristes regretteront ce côté bon enfant et familial qu'avait la première saga tandis que les cinéphiles de la génération Z applaudiront cette prise de risque qui s'avère payante. En effet, lorsque vient le générique de fin, outre l'impression d'avoir vu un blockbuster un peu trop long et porté sur l'excès, le spectateur a conscience d'en avoir pris plein les yeux, d'avoir sursauté quatre ou cinq fois et d'avoir été ému par le courage de Maisie Lockwood, jouée par la jeune Isabella Sermon.
Là où Jurassic World se contentait de créer un espace propre aux aventures, Fallen Kingdom et son réalisateur donnent ici corps à des ambiances bien précises. Les séquences de jour n'ont rien à voir avec celles de nuit et les scènes dans la résidence Lockwood sont à des années-lumière de ce qui se passe sur Isla Nublar. Le travail du directeur de la photographie Oscar Faura impressionne, à l'instar des mouvements de caméra opérés par JA Bayona. Le tout est extrêmement fluide et parfois même novateur.
Avec Jurassic World : Fallen Kingdom, nous nous retrouvons donc confrontés au même dilemme qu'avec Star Wars : Le Réveil de la Force en 2015. Comment juger un film dont le scénario ne vole pas très haut mais qui dispose simplement d'une réalisation impressionnante et d'un casting plus qu'investi ?
wyzman
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